Université Paris X Nanterre

Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education

Dominante : Psychologie du Développement


Anxiété sociale et relations amoureuses

pendant l’adolescence


Mémoire de maîtrise

réalisé sous la direction de Pascal Mallet



Marion BRANDWYK Année 2000 / 2001

1.RESUME





Notre étude a pour objet l’anxiété sociale dans les relations amoureuses pendant l’adolescence. Des recherches récentes sur la relation entre anxiété sociale et sentiment d’être attirant ont montré qu’un niveau élevé d’anxiété sociale allait de paire avec une mauvaise perception de la capacité à plaire, ceci ayant pour conséquence d’inhiber les rencontres amoureuses (La Greca & Lopez, 1998). Afin de mieux comprendre en quoi la personnalité de l’adolescent structure sa vie amoureuse, nous avons d’une part examiné la relation entre anxiété sociale et estime de soi, et d’autre part étudié le lien entre anxiété sociale et qualité des relations amoureuses. 113 adolescents (34 garçons et 79 filles) de 14 à 20 ans ont rempli un questionnaire sur leur niveau d’anxiété sociale, leurs niveaux d’estime de soi (globale, physique et sociale) et sur la fréquence, la précocité, la satisfaction et la durée de leurs expériences de flirt. Les résultats obtenus ont permis de vérifier l’existence d’une corrélation négative entre anxiété sociale et estime de soi, la corrélation la plus forte étant pour l’estime de soi sociale. Nous avons également mis en évidence un lien entre anxiété sociale et fréquence des expériences de flirt. Il semble que les adolescents anxieux socialement aient vivent moins d’expériences de flirt que les adolescents non anxieux. Aucun lien n’a été observé pour la précocité, la satisfaction et la durée des expériences de flirt. Ces résultats suggèrent l’importance du facteur anxiété sociale dans la compréhension des relations amoureuses des adolescents. L’anxiété sociale est déterminante du fonctionnement social de l’adolescent.

Table des matières


1.RESUME 2

2.Introduction théorique 4

2.1.L’adolescence 4

2.2.Le Flirt 5

2.3.L’anxiété sociale 7

2.4.L’Estime de soi 9

2.5.Les compétences ou habiletés sociales 10

3.Problématique de la recherche et hypothèses 11

3.1.Problématique 11

3.2.Hypothèses 13

4.Méthodologie 15

4.1.Les sujets 15

4.2.Le reccueil des données 16

4.3.Les instruments de mesure 17

4.3.1.Echelle d’anxiété sociale 17

4.3.2.Echelle d’estime de soi 19

4.3.3.Echelle d’expériences de flirt 20

4.4.Analyse factorielle de l’échelle d’estime de soi 21

4.5.Consistance interne et corrélations entre items 22

5.Résultats 23

5.1.Anxiété sociale et estime de soi 23

5.2.Expériences de flirt et anxiété sociale 24

5.2.1.Résultats pour la fréquence des expériences de flirt 25

5.2.2.Résultats pour la précocité des expériences de flirt 27

5.2.3.Résultats pour la satisfaction des expériences de flirt 28

5.2.4.Résultats pour la durée de la plus longue expérience de flirt 29

6.Interprétation / discussion 30

6.1.Structure factorielle de l’estime de soi 30

6.2.Différences intersexe 31

6.3.Lien entre anxiété sociale et estime de soi 32

6.4.Lien entre expérience de flirt et anxiété sociale 33

6.4.1.Fréquence des expériences de flirt 33

6.4.2.Précocité des expériences de flirt 34

6.4.3.Satisfaction et durée des expériences de flirt 36

7.Conclusion 37

8.BIBILIOGRAPHIE 39



2.Introduction théorique


2.1.L’adolescence


L’adolescence, qui se situe entre l’enfance et l’âge adulte est une période marquée par des transformations socio-psycho-biologiques et par l’élargissement des expériences sociales. Trois phases sont classiquement distinguées : la prime adolescence (moyenne d’âge : 12 ans), la moyenne adolescence (moyenne d’âge 16 ans) et la grande adolescence (moyenne d’âge 20 ans) (Puklek & Vidmar, 2000).


La prime adolescence marque le début du développement pubertaire du jeune adolescent : poussée staturale, développement des organes génitaux et de la pilosité du corps, apparition d’acné, poussée des seins chez les filles et mue de la voix chez les garçons... (Rodriguez-Tomé, 1997) Pour certains les modifications corporelles et hormonales sont précoces, pour d’autres elles sont plus tardives et peuvent débuter ou se poursuivre dans la moyenne adolescence. Des inquiétudes surviennent suite aux dysharmonies passagères des différentes parties du corps. Ces changements de l’apparence physique (de la taille, du poids, de la silhouette) vont nécessiter la reconstruction de la perception de soi, de l’image corporelle et sexuée (Tourrette & Guidetti, 1998). L’adolescent a tendance à dévaloriser son image physique, ce qui se répercute sur son estime de soi.


La seconde phase, la moyenne adolescence, période qui nous intéresse plus particulièrement ici, est de nature plutôt psychosociale (Rodriguez-Tomé, 1991 cité par Bourcet, 1994). Il s’agit de la découverte de l’autre et de la recherche de sensations nouvelles (Boukris & Donval, 1990). L’adolescent s’oriente vers les autres et avant tout vers les personnes de sexe opposé. Il a atteint un certain niveau de maturité pubertaire et les relations bisexuelles deviennent plus intimes (Rodriguez-Tomé, 1997). Les « petit(e)s ami(e)s » prennent progressivement une place privilégiée dans le fonctionnement social des adolescents. Ces derniers multiplient les rendez-vous, expérimentent les premiers baisers, caresses, gestes à la recherche des plaisirs à deux (Boukris &Donval, 1990) sans que ces relations amoureuses naissantes ne supposent nécessairement l’existence de rapports sexuels (Bideaud, Houdé & Pedinielli, 1996). Les expériences de flirt sont le sujet central de cette période du développement. Le groupe de pair cède la place aux rencontres amoureuses duelles.


La grande adolescence quant à elle, ressemble de près au statut d’adulte. La croissance est achevée, l’adolescent est plus autonome bien qu’il soit encore dépendant de ses parents. Il a découvert les autres, la sexualité et se trouve dans une phase d’idéal pendant laquelle il cherche ses propres valeurs et croyances, il est rempli d’aspirations futures (Boukris & Donval, 1990).


2.2.Le Flirt


Si les relations amoureuses adolescentes ont inspiré depuis longtemps la littérature romantique, les recherches scientifiques en psychologie du développement portant sur ce thème sont récentes. Les chercheurs se tournaient davantage vers des sujets d’étude tels les relations entre pairs, d’amitié chez les enfants et les adolescents ou encore tels la sexualité des adolescents.

Il est difficile de trouver, en psychologie développementale, une définition claire et exacte de ce qu’est la relation amoureuse pendant l’adolescence. Comment étudier ce qu’on ne sait pas définir ? Par ailleurs, avec la recrudescence des maladies sexuellement transmissibles, les chercheurs se sont intéressés de près à la sexualité des adolescents à travers une politique d’aide et de prévention de la santé - au détriment des expériences de flirt, plus futiles.

Pourtant, les relations amoureuses pendant l’adolescence, au même titre que les autres types de relations interindividuelles, jouent un rôle critique dans le développement social, émotionnel et personnel d’un individu. Les expériences de flirt sont essentielles pour le développement de la personnalité de l’adolescent qui se détache progressivement de ses parents et se construit une identité personnelle. Des difficultés dans ce type de relation risquent d’engendrer des difficultés d’adaptation à l’âge adulte, dont une difficulté à créer une relation d’intimité future.


Nous retiendrions la définition du flirt (ou relation amoureuse) de Furman (1999). Selon lui, le flirt, the romance, est une interaction de courte ou de longue durée entre deux individus qui reconnaissent avoir une relation étroite. Cette relation est volontaire et induit une certaine attirance, parfois intense, qui peut ou non mener à des rapports sexuels. Il faut selon l’auteur tenir compte d’importantes variabilités interindividuelles, développementales, culturelles et historiques : d’une expérience à une autre, d’un âge, d’une culture ou encore d’une époque à une autre, la définition de la relation amoureuse évolue.


Les mécanismes pouvant expliquer un mauvais ajustement à l’âge adulte dans le domaine des relations interpersonnelles sont très peu connus. L’anxiété sociale a fait l’objet de récentes investigations à ce sujet. Elle est un facteur ayant un statut particulier à une période de développement où des modifications majeures surviennent (du corps, de la pensée, de la représentation de soi, de la vie sociale). L’adolescent doit s’adapter à une nouvelle image. Il cherche à se sentir conforme et accepté par les pairs de même sexe et par ceux du sexe opposé. L’élargissement de son entourage induit de nouvelles attentes sociales. Il doit ajuster son comportement et ses attitudes aux nouvelles exigences de son environnement. La peur d’être jugé, évalué négativement en est d’autant plus grande.

3.

Items (p<.05)

Facteur I

Facteur II

Avec mes camarades, je trouve toujours quelque chose d’intéressant à dire. (8)

.06

.75

Je sais mettre de la bonne humeur dans un groupe.(13)

.06

.72

Quand je suis dans un groupe, je participe activement aux discussions. (10)

-.11

.69

Pour faire rire les autres, j’ai toujours de l’humour. (9)

.25

.66

Dans un groupe, quand il faut prendre une décision, j’arrive facilement à faire entendre mon point de vue. (7)

.13

.66

Je trouve que mon corps est bien tel qu’il est. (16)

.84

.11

Je suis satisfait(e) de ma taille et de mon poids. (15)

.76

-.08

Je me trouve beau / belle. (12)

.66

.23

Quand je me regarde, je me dis que je ne suis pas trop mal physiquement. (14)

.58

.25

J’aimerais avoir une apparence différente. (11)

.54

.01

J’ai l’impression de plaire physiquement aux camarades de sexe opposé (17)

.35

.55



BIBILIOGRAPHIE


Bideaud J., Houdé O. & Pedinielli J.L. (1996) L’homme en développement,. 471–517, Paris : Press Universitaire de France.


Boukris S. & Donval E. (1990) L’adolescence, l’âge des tempêtes Hachette


Bourcet C. (1994) Evaluation de soi, climat familial et adaptation scolaire à l’adolescence. Thèse de doctorat de psychologie. Paris : Université René Descartes.


Eric M. Vernberg, David A. Abwender, Keith K. Ewell et Susan H. Beery.(1992). Social anxiety and peer relationships in early adolescence : a prospective analysis, Journal of Clinical Child Psychology, 21, 189-196.


Furman W., Brown BB. & Feiring C. (1999) The development of romantic relationships in adolescence. Cambridge university press.


Harter S. (1998) Comprendre l’estime de soi de l’enfant et de l’adolescent. Considérations historiques, théoriques et méthodologiques In M. Bolognini & Y. Prêteur Estime de soi ; perspectives développementales,.57-81, Paris : Delachaux et Niestlé


La Greca AM. & Lopez N. (1998) Social anxiety among adolescents : linkages with peer relations and friendships , Journal of Abnormal Child Psychology, 26, 83-94.


La Greca AM. & Stone WL. (1993) Social anxiety scale for children – revised : factor structure end concurrent validity, Journal of clinical child psychology, 22, 17-27


Mallet P. (1997) Se découvrir entre amis, s’affirmer parmi ses pairs ; les relations entre pairs au cours de l’adolescence In H. Rodriguez-Tomé, S. Jackson & F. Bariaud (Eds.), Regards actuels sur l’adolescence (pp109-146), Paris : Press Universitaire de France


Mallet P.& Rodriguez-Tomé G. (1999) Social anxiety with peers in 9 to 14 years olds. Developmental process and relation with self consciousness and perceived peer acceptance, European journal of psychology of education, 14, 387-402.


Pierrehumbert B. (1991) Elève recherche modèle : étude psychologique des désavantages du système scolaire,.178-181, Fribourg, Suisse : Delval.


Puklek M. & Vidmar G (2000) Social Anxiety in Slovene Adolescents : Psychometric Properties of a New Measure, Age and Relations Self-consciousness and perceived Incompetence. European review of applied psychology, 50, 249-258


Rodriguez-Tomé H. (1989) Maturation biologique et psychologie de l’adolescent I : représentation du corps et relations parents-adolescents. L’orientation scolaire et professionnelle, 18, 281-297.


Tourrette C. & Guidetti M. (1998) Introduction à la psychologie du développement du bébé à l’adolescence. Armand colin.


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