Fanette GRANET

 

DESS de Psychologie Clinique et Psychopathologie

Université Paris VII, Denis Diderot.

Année 2002-2003

 

 

L’INHIBITION DE LA PENSEE

ET

LE DEVENIR MERE

 

 

Mémoire sous la direction de :

Pr Michel TORT

 

Co-Jury :

Drina CANDILIS

 

 

PLAN

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

 

 

1/ L’INHIBITION DE LA PENSEE, UN INTERDIT DE PENSER ?

                             

 

Ø      L’émergence des pensées, l’appareil à penser

 

-         La fonction alpha (W.R.Bion)

-     Les rythmes circulaire et linéaire (D.Marcelli)

 

 

Ø      L’inhibition de la pensée

 

-         Pourquoi l’inhibition de la pensée ?

-         Quelques hypothèses

 

 

 

 

 

2/ LE DEVENIR MERE : REPERES THEORIQUES

 

 

Ø      Le désir d’enfant

 

-         La petite fille

-         La grossesse

 

 

Ø      Le post-partum

 

-         Les réaménagements psychiques

-         Les interactions mère-bébé

 

 

 

 

 

 

 

Ø      L’observation des interactions mère-bébé

 

-         Les différents objectifs de l’observation

-         La place du regard dans l’observation

 

 

 

 

 

 

3/ L’HISTOIRE DE MARINA ET LAURA : OU COMMENT S’ARTICULENT LE DEVENIR MERE ET L’INHIBITION DE LA PENSEE

 

 

Ø      Les interactions entre Marina et Laura

 

-         Elaboration et fonction contenante

-         Les macrorythmes et les microrythmes

 

Ø      Quel constat au travail thérapeutique engagé ?

 

-         Bilan

-         La question du diagnostic structural

 

 

 

 

CONCLUSION

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

 

 

En premier lieu, c’est à partir de mon stage à l’Unité Mère-Bébé au CHHL de Poitiers que s’est progressivement élaboré ce travail de réflexion et de questionnement. Bien entendu, j’ai été sollicitée, et j’ai découvert toutes les questions corrélatives à la maternité, à la maternalité (terme employé pour désigner la notion de processus continu que représente le développement de la fonction parentale, ici maternelle). Je me suis tout d’abord interrogée sur cette question du devenir mère, d’une identité de mère (quoique cette notion mériterait discussion) en écoutant une jeune maman dire : « mais où je suis dans tout ça, et ma place de femme?  Qui je suis maintenant ? »

 

Suite à cela, je me suis dit que je tenais là mon sujet de mémoire, quelque chose de l’ordre de la difficulté voire l’impossibilité d’être fille à l’impossibilité d’être mère. Il s’agissait là d’un travail concernant le passage du statut de fille au statut de maman. Finalement, du fait que cette maman ait arrêté de venir à l’Unité, ce travail de mémoire fut également arrêté. Ainsi, ce fut le contexte dans lequel j’ai abordé le suivi de la maman dont il va être question dans tout ce travail de réflexion et je pense que cela a son importance dans mon cheminement théorique et clinique.

 

Ainsi, il est ici question du travail d’accompagnement psychothérapique que j’effectue avec Marina, jeune maman de 19 ans d’une petite fille. J’aimerais présenter ici quelques éléments anamnestiques afin de se familiariser déjà avec cette patiente :

Marina, 19 ans, est maman depuis le 30/01/2003.

C’est une jeune femme qui est issue d’une famille de 5 enfants, elle est la plus jeune. L’ensemble des membres de la fratrie ont fait leur scolarité en IME, dont Marina. En effet, elle entre à l’IME à 12 ans. Par là même, une déficience mentale légère est diagnostiquée.

De 16 à 18 ans, Marina est placée en famille d’accueil sur décision du Juge des Enfants à la suite du signalement qu’elle fait quant à des abus sexuels qu’elle subit de son père. Ce dernier a toujours nié les faits. Marina vit alors très mal les conséquences de ses aveux, elle est séparée de sa famille, se sent punie alors que son père n’est pas inquiété.

Durant cette même période, elle effectue un contrat d’apprentissage spécialisé dans la restauration qu’elle réussit très bien.

Il y a 3 ans, Marina est violée par un ami de son père.

De décembre 2001 à mai 2002 Marina retourne vivre chez ses parents, jusqu’à la fin du mois d’août elle travaille éloignée du domicile familial.

Quant à sa grossesse, elle est diagnostiquée en septembre, elle est donc à 5 mois de grossesse, Marina ne s’en est pas rendu compte. Père inconnu.

Depuis décembre Marina vit dans une maison maternelle, elle est à l’Unité Mère-bébé depuis le 4 févier 2003.

 

Je me suis interrogée sur la façon d’aborder au mieux mon expérience clinique avec cette jeune maman. Il m’a alors semblé que peut-être le plus intéressant et formateur serait d’aborder ce qui a été difficile dans ma pratique et dans le travail que j’ai effectué. Et ce qui m’a mise en difficulté c’est bien l’inhibition de la pensée. Toutes ces manifestations cliniques de l’inhibition de la pensée entrent dans le cadre de ce que je me représente comme une rigidité psychique, ce qui peut finalement interroger puisque les écrits théoriques parlent tous de labilité psychique pendant la grossesse et le post-partum.

 

En effet, il m’est apparu que certaines manifestations de l’inhibition de la pensée telles que les difficultés d’élaboration, difficultés à faire des liens, difficultés à aborder l’affect, à le penser, se montraient dans la relation au clinicien durant les entretiens mais aussi dans la relation mère-bébé. Au sein de cette relation, on retrouve ces difficultés par exemple dans l’impossibilité d’élaborer la souffrance de son bébé et de la contenir, de se laisser aller à des interactions ludiques avec sa petite fille et de mettre en place les microrythmes…

 

Je m’intéresserai ici à cette inhibition tout particulièrement, sans parler de déficience intellectuelle, car je ne veux pas entrer dans le débat sur l’intelligence, ce n’est pas mon propos. Mais il va tout de même être nécessaire d’envisager ce que c’est que penser, avant de pouvoir envisager différentes questions sur l’inhibition de la pensée. Dans ce cadre là, je présenterai différentes vignettes cliniques tirées des entretiens avec Marina.

 

Puis, comme je viens de l’indiquer, il s’agit d’une jeune maman et il va donc être question du devenir mère. Pour aborder ce thème, il m’a semblé nécessaire de faire un petit détour par les théories sur ce que c’est que devenir mère, à commencer par le désir d’enfant, les remaniements psychiques de la grossesse, et surtout ensuite, le post-partum et les interactions mère-bébé. Je m’intéresserai particulièrement à la mise en place des macrorythmes et des microrythmes et à la fonction  contenante de la mère. Comme on peut l’imaginer ce sujet des interactions mère-bébé va immédiatement poser la question problématique de l’observation des bébés par rapport à laquelle je vais être obligée de me positionner avant de présenter mon matériel clinique fait d’observations.

 

            Une fois en connaissance de ce matériel théorique et clinique, il me semble qu’il y aura matière à réfléchir à une possible ou impossible articulation de l’inhibition de la pensée avec le devenir mère pris dans certaines fonctions citées plus haut : la capacité d’élaboration et la fonction contenante, la mise en place des différents rythmes de vie de la dyade, l’accordage affectif entre les deux partenaires. Ceci permettra une mise en évidence du travail effectué avec cette jeune maman au sein de l’Unité Mère-Bébé et d’en souligner les évolutions positives.

Finalement, il sera temps de conclure et de finir avec la question de la difficulté posée par le diagnostic structural.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INDEX

 

 

 

 

1/ L’inhibition de la pensée, un interdit de penser ?

 

1. Bion W.R. Aux sources de l’expérience, Paris, PUF, collection Bibliothèque de psychanalyse, 1979.

            2. idem

            3. idem

            4. Marcelli D. « Répétition et nouveauté, la surprise dans le rythme » in La surprise, Paris, Albin Michel, 2000.

            5. idem

            6. idem

            7. Freud S.  Inhibition, symptôme et angoisse, Paris, PUF, collection quadrige, 1926.

 

 

 

2/ Le devenir mère : repères théoriques

 

            8. Freud S.  « La féminité. » in Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse. Paris, Gallimard collection Idées, 1917.

            9. idem

10. Birraux A.  « Mère et fille », in La mère et le maternel, Les cahiers de l’IPC, n°5 mai 1987.

            11. Bydlowski M. La dette de vie. Itinéraire psychanalytique de la maternité, Paris, PUF, Le Fil Rouge, 1997.

            12. Deutsch H. Psychologie de la femme. Tome 2 Maternité, Paris, PUF, 1949.

            13. Birraux A.  « Mère et fille », in La mère et le maternel, Les cahiers de l’IPC, n°5 mai 1987.

            14. Bydlowski M. La dette de vie. Itinéraire psychanalytique de la maternité, Paris, PUF, Le Fil Rouge, 1997.

             

15. Cramer B. Palacio-Espasa F. La pratique des psychothérapies mères-bébés. Etudes cliniques et techniques, Paris, PUF, Le Fil Rouge, 1993.

            16. Winnicott D.W. «  La préoccupation maternelle primaire » in De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 1969.

            17. Cramer B. Palacio-Espasa F. La pratique des psychothérapies mères-bébés. Etudes cliniques et techniques, Paris, PUF, Le Fil Rouge, 1993.

            18. Stern D. «  Le sens d’un soi subjectif : II. L’accordage affectif », in Le monde interpersonnel du nourrisson, Paris, PUF, collection Le Fil Rouge, 1989.

            19. Bick E. « Remarques sur l’observation des bébés dans la formation des analystes » in L’observation du bébé, points de vue psychanalytiques, Journal de la psychanalyse de l’enfant, n° 12,  Paris, Bayard, 1992.

            20. Kestenberg J.S.  «L’observation psychanalytique des enfants » in L’observation du bébé, points de vue psychanalytiques, Journal de la psychanalyse de l’enfant, n° 12,  Paris, Bayard, 1992.

            21. Fraiberg S. Fantômes dans le chambre d’enfants, Paris, PUF, collection Le Fil Rouge, 1999.

 

 

 

3/ L’histoire de Marina et Laura : ou comment s’articulent le devenir mère et l’inhibition de la pensée

 

            22. Bion W.R. Aux sources de l’expérience, Paris, PUF, collection Bibliothèque de psychanalyse, 1979.

            23. Freud S. Trois essais sur la théorie de la sexualité, Gallimard, Paris, 1962.

            24. Mardelli D. « Répétition et nouveauté, la surprise dans le rythme » in La surprise, Paris, Albin Michel, 2000.

            25. Lebovici S, Stoléru S. Le nourrisson, sa mère et le psychanalyste, Les interactions précoces, Paris, Bayard 1983.

            26. Winnicott D.W. «  La préoccupation maternelle primaire » in De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 1969.

            27. Mardelli D. « Répétition et nouveauté, la surprise dans le rythme » in La surprise, Paris, Albin Michel, 2000.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

 

Aulagnier P. L’apprenti-historien et le maître-sorcier, Du discours identifiant eu discours délirant, Paris, PUF, collection Le Fil Rouge, 1984.

 

Bion W.R. Aux sources de l’expérience, Paris, PUF, collection Bibliothèque de psychanalyse, 1979.

 

Brun D. La maternité et le féminin, Denoël, coll l’espace analytique, 1990.

 

Bydlowski M. La dette de vie. Itinéraire psychanalytique de la maternité, Paris, PUF, Le Fil Rouge, 1997.

 

Cramer B. Palacio-Espasa F. La pratique des psychothérapies mères-bébés. Etudes cliniques et techniques, Paris, PUF, Le Fil Rouge, 1993.

 

Delassus C. Le secret ou l’intelligence interdite, Marseille, Hommes et Perspectives, 1993.

 

Deutsch H. Psychologie de la femme. Tome 2 Maternité, Paris, PUF, 1949.

 

Ferenczi S. « Confusion de langue entre les adultes et l’enfant » « Réflexions sur le traumatisme », in Psychanalyse IV 1927-1933, Paris, Payot, 1996.

 

Fraiberg S. Fantômes dans le chambre d’enfants, Paris, PUF, collection Le Fil Rouge, 1999.

 

Freud S.  « La féminité. » in Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse. Paris, Gallimard collection Idées, 1917.

 

Freud S.  Inhibition, symptôme et angoisse, Paris, PUF, collection quadrige, 1926.

Freud S.  Trois essais sur la théorie de la sexualité, Gallimard, Paris, 1962.

 

Gibello B. L’enfant à l’intelligence troublée, Paris, Paidos/Le Centurion, 1984.

 

Houzel D et collaborateurs. Les enjeux de la parentalité, Ramonville-Saint-Agne, Arès, 1999.

 

Institut des Psychologues Cliniciens. La mère et le maternel, Les cahiers de l’IPC, n°5 mai 1987.

 

Institut de Psycho-Pathologie Clinique. Trauma réel, trauma psychique, Les cahiers de l’IPPC, n°8  novembre 1988.

 

Journal de la psychanalyse de l’enfant, n° 12, L’observation du bébé, points de vue psychanalytiques, Paris, Bayard, 1992

 

Lamour M, Barraco M. Souffrances autour du berceau : des émotions au soin, Europe, Gaëtan Morin Editeur, 1998.

 

Lebovici S, Stoléru S. Le nourrisson, sa mère et le psychanalyste, Les interactions précoces, Paris, Bayard 1983.

 

Marcelli D. La surprise, Paris, Albin Michel, 2000.

 

Marcelli D, Paget A, Blossier P. « Les origines du travail de penser entre mère et bébé », in Psychiatrie de l’enfant, XXXIX, 1, 1996, p.5 à 40.

 

Marcelli D. « Le rôle des microrythmes et des macrorythmes dans l’émergence de la pensée chez le nourrisson », Psychiatrie de l’enfant, XXXV, 1992.

 

Nouvelle Revue de Psychanalyse, n°19, L’enfant, Paris Gallimard, printemps 1979.

 

Stern D. «  Le sens d’un soi subjectif : II. L’accordage affectif », in Le monde interpersonnel du nourrisson, Paris, PUF, collection Le Fil Rouge, 1989.

 

Winnicott D.W. De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 1969.

 

Winnicott D.W. Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975.