Les droits d'auteurs de ce site sont enregistrés devant notaire
Tout copillage sera systématiquement poursuivi devant les tribunaux
Vous ne devez pas diffuser ou modifier ce texte par quelque moyen que ce soit, sans la permission écrite
de son auteur ainsi que du responsable du site internet : Ressources-Psy.com.
Vous devez respecter les droits d'auteur (par exemple en cas
d'utilisation dans un travail universitaire ou autre, vous devez
donner les références de vos citations et bien signifier qu'il s'agit
de citations (généralement en utilisant des guillemets)).
Toute copie partielle ou intégrale non autorisée de document constitue une violation des droits d'auteurs
laquelle est sévèrement punie par la Loi.
Vous n'aimeriez pas que l'on pille votre travail, ne le faites pas non plus...

00036462




Université Louis Pasteur

Faculté de Psychologie et des sciences de l’éducation

12, rue Goethe

67000 STRASBOURG




DEA de Psychologie humaine et Psychopathologie

Année universitaire 2004-2005






Secrets de famille





Mémoire de recherche présenté par Carole PINEL



Directeur de mémoire : Second membre du jury :

Laure RAZON, MC. Franklin RAUSKY, MC, HDR.

Sommaire


Sommaire 1

Résumé 3

Introduction 4

Réflexion théorique 7

1. La transmission d’un secret familial 7

1.1 La violence et les dégâts du secret 7

1.1.1 Étymologie 7

1.1.2 Du non-dit au secret de famille 7

1.1.3 Violence du secret et sort des générations ultérieures 8

1.2 Effets du secret sur l’organisation psychique 9

1.2.1 L’introjection 10

1.2.2 Le clivage 12

1.2.3 La crypte et le travail du fantôme dans l’inconscient 14

1.3 La honte liée aux secrets familiaux 15

1.3.1 La honte chez le parent porteur de secret 16

1.3.2 La honte chez l’enfant du porteur de secret 16

1.3.3 Lien parent- enfant 17

1.4 Répétition et transmission 18

1.4.1 La compulsion de répétition 18

1.4.2 Les systèmes de dettes et les loyautés invisibles 19

1.4.3 Secret et généalogie 20

2 Le corps en tant que lieu de transmission du secret 22

2.1 Le symptôme 22

2.1.2 Le symptôme : définitions 22

2.1.2 Le symptôme selon Sigmund Freud 23

2.1.3 Le symptôme selon Jacques Lacan 24

2.2 Le corps et la psychanalyse 26

2.2.1 L’image du corps 26

2.2.2 Symptôme, secret et métaphores corporelles 28

Réflexion clinique 30

1 Méthodologie 30

1.1 Contexte 30

1.2 Recueil de données 31

2 Le poids de l’héritage familial 31

2.1 Le décor 31

2.2 Quelques éléments cliniques 33

2.3 L’effondrement de Maryse 33

2.4 Le système de dettes et l’emprise maternelle 35

3 Le retour des fantômes 37

3.1 Le fantôme de Marie, la pendue 37

3.2 Les fantômes du passé 40

3.2.1 L’enfance de Geneviève 40

3.2.2 Germain, le revenant de Mauthausen 41

3.3 Le passage à l’acte 43

4 La machine implacable du secret 46

4.1 la hantise du corps décharné 47

4.2 L’enquête intime : le corps qui accuse un survivant 49

4.3 L’origine du secret et le travail de reconstruction psychique 50

5 La hantise, la répétition, la transmission du secret et la possibilité de catharsis 52

6 Secret, intimité, extimité 56

6.1 Comment transformer l’indicible ou la reconnaissance de soi 56

6.2 La mise en scène du secret sur la place publique 56

6.3 Symptôme comme raté symbolique et activité créatrice comme catharsis 59


Conclusion 60

Bibliographie 63

Résumé



Ce travail s’efforce de montrer par une réflexion théorique et une réflexion clinique comment les secrets de famille transparaissent. Telle une enquête sur les significations et les effets possibles du secret, cette recherche tente d’éclairer l’énigme de la transmission à travers les générations.



Mots-clefs :


Secrets de famille, Transmission, Héritage, Introjection, Clivage, Fantôme, Crypte, Hantise, Honte, Répétition, Dette, Symptôme, Somatisation.


Introduction


L’enseignement suivi à l’université, ma curiosité, mes diverses lectures, mes rencontres, mon expérience, mon cheminement personnel et mon histoire m’ont amené à interroger la trame des secrets de famille.


Etymologiquement, le secret est quelque chose qui est retenu à l’écart des autres et du monde. Le droit au secret permet de constituer une barrière entre notre vie privée et notre vie publique. Il est fondateur à la fois de la vie psychique et du lien avec les autres. Les secrets ne sont en soi ni bons ni mauvais.

A quel moment, alors, considérer le secret comme source de problème, pour soi et pour les autres ? En quoi devient-il pathologique ?


Le secret exerce un pouvoir, une action sur le psychisme; action à la fois structurante et déstructurante.


Les secrets de famille sont frappés d’interdit : interdit de parole, ils restent enfouis sous le poids de la honte, de la culpabilité et du silence.


En effet, ces secrets génèrent souvent des pathologies longues à soigner et mettent parfois des années à sortir des oubliettes de la mémoire où ils étaient ensevelis. Pour ceux qui le portent, le poids devient intolérable, insoutenable. Divers symptômes apparaissent et poussent les gens à consulter pour se soulager de ces souffrances.


L’existence d’un secret stigmatise une faute qui n’a pu être assumée. La culpabilité et la honte qui en résultent se transmettent de génération en génération sous la forme d’une dette non acquittée qui pèse sur les descendants.


Le secret a sa propre vie, son propre langage, et provoque des effets sur l’équilibre familial. Il a sa propre logique et véhicule un paradoxe : il est interdit de le savoir, mais il est également interdit de l’oublier. Dès lors, il devient difficile de vivre avec un tel héritage.


Mon entreprise est de montrer dans ce travail de recherche comment un événement crucial, occulté de l’histoire familiale, rejaillit sur les générations ultérieures.


Ma problématique de recherche est ciblée autour de la question de la transmission : Qu’est-ce qui se transmet d’un secret familial de parent à enfant ? Comment est-ce transmis ? Qu’est-ce que l’enfant fait de cette transmission ? Quels sont les enjeux pour cet héritier ? En quoi et comment le secret peut-il être délétère pour son organisation psychique ? Comment l’enfant héritier se trouve-t-il en difficulté d’appropriation ?


Ces revues de questions et ce parcours m’ont amené à formuler une première hypothèse : en proie à l’héritage d’un secret familial, le mode de relation aux parents serait tronqué. Il en résulterait pour l’enfant une élaboration psychique particulière.


Nous tenterons d’étudier la manière dont l’enfant a supporté le climat dans lequel il a grandit et d’éclairer la façon dont il a aménagé sa personnalité pour assumer le poids du secret.


La seconde hypothèse formulée a trait aux symptômes et à la somatisation. Le secret concerne des situations dont on ne parle pas, qui ne sont pas dicibles. Le sujet est en difficulté d’appropriation. Mais ce secret transparaît à travers des symptômes, des mots du corps. Ce qui ne peut être exprimé est vécu en malaises corporels. « Ça parle dans le corps ».


Nous tenterons de montrer que l’utilisation du corps peut être entendue comme tentative de symbolisation difficile voire impossible. Le corps représenterait le lieu de vie du secret, le lieu de la transmission, et symboliserait en quelque sorte le langage de l’ancêtre blessé.


Si le secret modèle la psyché de celui qui y est confronté, différentes modalités de réponses peuvent être rencontrées.

Je me suis basée essentiellement sur des travaux de psychanalystes, psychologues cliniciens, psychothérapeutes pour construire la réflexion théorique autour du secret, du symptôme, de la somatisation et de la transmission à travers les générations.


Ma réflexion se fonde sur les modèles conceptuels de Sigmund Freud, de Jacques Lacan et de Françoise Dolto. Je fais également référence à des auteurs ayant traité spécifiquement la question tels que Nicolas Abraham et Maria Torok, Serge Tisseron, Claire Delassus, Claude Nachin, Didier Dumas, Anne Ancelin Schutzenberger, Albert Ciccone ; cette liste n’étant pas exhaustive.


Ma réflexion clinique se basera sur le récit de Maryse Vaillant, Il m’a tuée1, un témoignage élaboré et publié, où l’auteur livre son histoire et reconstitue la trame du roman de sa famille.


Bibliographie




Ouvrages


ABRAHAM N., TOROK M., L’écorce et le noyau, Paris, Flammarion, 1987.


ANCELIN SCHÜTZENBERGER A., Aïe, mes aïeux !, Paris, Desclée de Brouwer/La méridienne, nouvelle édition 2001.


ANCELIN SCHÜTZENBERGER A., DEVROEDE G., Ces enfants malades de leurs parents, Paris, Payot, 2003.


BOSZORMENYI NAGY I., SPARK G.M., Invisible loyalties : reciprocity in intergenerational family therapy, New York, Harper and Row, 1973 (Epuisé).


CANAULT N., Comment paye-t-on les fautes de ses ancêtres ? L'inconscient transgénérationnel, Paris, Desclée de Brouwer, 1998.


CICCONE A., La transmission psychique inconsciente. Identification projective et fantasme de transmission, Paris, Dunod, 1999.


DELASSUS C., Le secret ou l’intelligence interdite, Marseille, Hommes et perspectives, 1993.


DOLTO F., L’image inconsciente du corps, Paris, Seuil, 1984.


DOLTO F., La cause des enfants, Paris, Laffont, 1985.


DOLTO F., Dialogues québécois, Paris, Seuil, 1987.


DOR J., Introduction à la lecture de Lacan ; vol.1 : L’inconscient est structuré comme un langage, Paris, Denoël, 1985.


DUMAS D., L'ange et le fantôme, introduction à la clinique de l'impensé généalogique, Paris, Minuit, 1985.


FERENCZI S., « Transfert et introjection », in Œuvres complètes, tome 1, Paris, Payot, 1982, pp. 93 -125.

FREUD S., « Au-delà du principe de plaisir », in Essais de Psychanalyse, Petite bibliothèque Payot, 1968, pp. 7-81.


FREUD S., Inhibition, symptôme, angoisse, Paris, PUF, 1993.


FREUD S., « Le cas Dora », in Cinq psychanalyses, Paris, PUF, 1990.


FREUD S, BREUER J, Etudes sur l’hystérie, Paris, PUF, 1973.


GAULEJAC V. DE, L’histoire en héritage, roman familial et trajectoire sociale, Paris, Desclée de Brouwer, 1999.


MAUPASSANT G. DE, Pierre et Jean, Paris, Pocket, 2004.


MANNONI M., Le premier rendez-vous avec le psychanalyste, Denoël/Gonthier, 1998.


MILLER A., Notre corps ne ment jamais, Paris, Flammarion, 2004.


NACHIN C., Le deuil d’amour, Paris, Ed universitaires, 1989.


NACHIN C., Les fantômes de l’âme, a propos des héritages psychiques, Paris, L’Harmattan, 1993.


ROUCHY J.-C. ET COLL., La psychanalyse avec Nicolas Abraham et Maria Torok, Paris, Editions Érès, 2001.


SCHILDER P, L’image du corps, Paris, Gallimard, 1968.

TISSERON S., Tintin chez le psychanalyste, Paris, Aubier-Archimbaud, 1985.


TISSERON S., Tintin et les Secrets de famille, Paris, Séguier, 1990. (rééd. Aubier, 1992).


TISSERON S., La Honte, psychanalyse d'un lien social, Paris, Dunod, 1992.


TISSERON S. ET COLL., Le psychisme à l'épreuve des générations : clinique du fantôme, Paris, Dunod, 1995.


TISSERON S., Secrets de famille, mode d'emploi, Paris, Collection Marabout, Ramsay, 1996.


TISSERON S., L’intimité surexposée, Paris, Hachette Littératures, 2003.


VAILLANT M., Il m’a tuée, Paris, La martinière, 2002.


VAN EERSEL P., MAILLARD C., J’ai mal à mes ancêtres, Paris, Albin Michel, 2003.


VIGOUROUX F., Le secret de famille, Paris, PUF, 1993.





Dictionnaires


BAILLY A., Dictionnaire grec, Paris, Hachette, 1950.


BLOCH H. (Dir.) ET COLL., Dictionnaire fondamental de la psychologie, Paris, Larousse - Bordas, 1997.


CHEMANA R, VANDERMERSCH B., Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Larousse - Bordas, 1998.


MORIN Y. (Dir), Dictionnaire médical, Paris, Larousse, 2000.


PETIT LAROUSSE, Paris, Larousse, 1967.




Articles


TISSERON SERGE, « Les ricochets du secret », in Le coq Héron, Transmission et secret, n° 169, Paris, Erès, 2002.


TISSERON SERGE, « L’héritage insu : les secrets de famille », in Communications, n°59, Paris, Seuil, 1994.


1 Vaillant M., Il m’a tuée.

 

Pour avoir accès à ce document, cliquez ici



Accès à d'autres documents en psychologie

Accès au site Psychologue.fr