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CESBRON Véronique Université Catholique de L’Ouest
Institut de Psychologie et de

Sociologie appliquée


Année Universitaire 2002-2003

Maîtrise

MEMOIRE DE RECHERCHE

FILIERE DE PSYCHOLOGIE PATHOLOGIQUE



MEMOIRE DE RECHERCHE
Un cas d’hystérie de conversion,
« une langue des signes corporelle »


Directeur de mémoire : M. Martin


A ces femmes ( ou hommes ) qui tentent de nous dire quelque chose sans y parvenir…


SOMMAIre


SOMMAIre 5

Introduction 1

Présentation du cas clinique : Mme P 3

I.) Les différentes hospitalisations de Mme P (1968-1986) : 3

II.) Vers une tentative de soins ambulatoires (1986-1992): 9

III.) Ma rencontre avec Mme P (2001-2002) : 10

De la sphère psychique à la sphère corporelle  18

Manifestations symptomatiques chez Mme P  18

I.) Événements déclencheurs des symptômes de conversion selon Mme P : un accès hystérique ? 20

  • Le décès de sa sœur, un manque de parole incontestable : 22

  • La naissance de sa fille et la séparation avec ses parents, réactualisation d’un deuil et naissance d’un nouveau statut : 23

II.) Que représentent les symptômes somatiques de Mme P : notion d’identification : 26

  • Identification à sa mère, entre amour et hostilité : 28

  • Identification à sa sœur, un fantasme inconscient qui devient réalité : 30

  • Identification à son fils mort-né : 32

plaintes et demandes chez Mme P  34

I.) Place de la plainte : une nécessaire insatisfaction et un besoin de reconnaissance ? 34

II.) Notion de demande : Une mise en échec perpétuelle ? 37

III.) Quelques hypothèses sur les difficultés de Mme P : Origine de sa structure hystérique? 40

Mme P et sa représentation de la féminité 42

I.) Comment devient-on femme ou l’acquisition d’une identité féminine : 42

II.) « Qu’est ce qu’une femme ? » 44

III.) Qu’est ce qu’une femme pour Mme P ? Notion de perfection et recherche de femmes modèles. 44

  • Notion de perfection : tentative de masquer son manque ? 44

  • Recherche de femmes modèles : un essai de réponses quant à la question féminine ? 45

Quelle sexualité chez Mme P ? 51

I.) De la frigidité à la castration de l’autre : 53

II.) Séduction et exhibition, tentatives pour combler un manque et pour castrer l’Autre ? 56

III.) Son mari, un choix d’objet d’amour non anodin : 58

conclusion 60

bibliographie 60

Introduction


Aucun cas ne nous épargne d’un sentiment de surprise, de mystère. Peut-être encore plus une personne atteinte d’hystérie de conversion. Elle, qui échappe très souvent au savoir médical et qui laisse, la plupart du temps, derrière elle cet effet de mystère, ce sentiment qui suscite des interrogations et qui fait notre réflexion. Peut-être est-ce la raison de mon choix d’étude, vaste mais tellement intrigant. Jacques Lacan disait que « L’interprétation est souvent établie par énigme. »1 Vais-je parvenir à résoudre ces énigmes, du moins à tenter de poser des hypothèses de réflexion, étant donné la complexité de la psyché humaine ? Les sujets hystériques ont la capacité de se « faufiler dans les endroits inattendus » ainsi que de « se faire oublier » comme le montre la tendance, dans les services de psychiatrie adulte, à penser qu’elle n’existe plus. Peut-être est-ce la seconde raison de mon choix de sujet. De plus, l’impossibilité même de la définir est aussi ce qui fait son mystère, ce qui fait que l’on persiste à se questionner à son sujet.


La psychiatrie adulte, milieu encore inconnu pour moi avant ce stage, est un lieu où toutes les pathologies se réunissent. Vaste était donc mon choix de sujet de mémoire. Prenant le temps de m’imprégner de ce nouveau lieu de soins, j’ai fini par opter pour le thème de l’hystérie de conversion, suscitant chez moi de nombreuses questions. Ce type de malades auraient-ils réussi « leurs paris » de parvenir à éviter la psychiatrie, de telle sorte que l’on va même jusqu’à penser qu’il n’existe plus ? Restant sceptique de cette disparition, j’ai donc choisi de démontrer que cette maladie mentale était toujours présente au sein des services hospitaliers, toujours présente, mais probablement différente, dans ses caractéristiques symptomatiques.


Tout d’abord, l’hystérie de conversion est une des névroses décrites par Freud. Mais, « Qu’est ce qu’une névrose en générale ? La névrose est une mauvaise façon de se défendre; la façon inappropriée que, sans savoir, nous employons pour nous opposer à une jouissance inconsciente et dangereuse. Si nous tombons malades, névrotiquement malades, c’est bien parce que nous cherchons opiniâtrement à nous défendre contre une jouissance douloureuse. Et ce faisant, nous nous défendons mal. Ainsi, les trois névroses classiques peuvent-elles se définir suivant le mode particulier qu’à le Moi à se défendre. Souffrir sur un mode hystérique serait donc souffrir consciemment dans le corps, c’est à dire convertir la jouissance inconsciente et intolérable en souffrance corporelle. »2 Nasio ne parle donc aucunement ici de symptômes particuliers mis en place par les sujets hystériques mais plus d’une souffrance psychique qui s’exprime par le corporel. L’évolution des symptômes corporels de cette maladie n’est cependant pas ce qu’il y aurait à étudier en détail, mais plus, la structure psychique du sujet, ses mécanismes de défense, son comportement… Il me paraîtrait donc plus adéquat de parler d’une évolution des symptômes hystériques, liée à celle de la société, plutôt qu’à sa disparition purement et simplement. L’hystérie de conversion est la seule névrose dont le conflit psychique trouve son expression au niveau corporel. Intrigant, cette conversion des difficultés psychiques, sur le corps, cette expression corporelle liée à une impossibilité de l’exprimer par des mots. Nous pourrions donc y voir, en quelque sorte, « une langue des signes corporelle ».


Ensuite, pourquoi le choix d’étudier ce cas clinique plutôt qu’un autre ou plusieurs ? Il me paraissait plus judicieux de ne réfléchir que sur un cas, étant donné la singularité de chaque personne et, la complexité du sujet humain. De plus, l’étude de cette patiente, ayant un long passé psychiatrique, me permettait de voir l’évolution de la maladie, ses détours et ses retours. Cette recherche ouvrait également la réflexion sur les soins mis en place pour cette patiente au sein de l’équipe et favorisait, ainsi, une certaine dynamique à son sujet.


Je tenterai donc dans ce travail de vous faire partager mes interrogations sur cette névrose, mes doutes quant à sa disparition en étudiant la vie de Mme P, suivie en psychiatrie adulte depuis plus de trente ans. Je n’aurais aucunement la prétention de tout étudier ni de donner « des solutions » vu l’ampleur de la réflexion, mais plutôt d’élaborer des pistes de travail, des hypothèses, peut-être, à prendre en compte dans les soins de cette patiente.


Nous parcourerons donc la vie de cette patiente dans une première partie, puis nous réfléchirons sur la signification de ses manifestations symptomatiques, dans un deuxième temps. Ensuite, la réflexion se tournera vers le discours hystérique, lié aux notions de plaintes et de demandes, très ancrées chez Mme P. La quatrième partie de ce travail sera basée sur le concept de féminité, une des problématiques essentielles chez le sujet hystérique, ainsi que celui de la sexualité, développé dans la dernière partie. Cette étude de cas permettra, je l’espère, de nous interroger sur la problématique hystérique (de conversion), du sujet féminin, tout en restant, par l’illustration plus facile d’accès.

conclusion

Ainsi, le symptôme, pour la personne hystérique, est une expression de sa souffrance psychique. Ce passage du psychisme au corporel montre bien comment ces deux organisations sont liées et fonctionnent l’une avec l’autre.


De plus, le désir de l’hystérique, devant nécessairement rester insatisfait, entraîne une souffrance permanente chez le sujet. La personne hystérique apporte à l’Autre, dans une plainte perpétuelle, son corps de souffrance, constituant la demande adressée à cet Autre, qui doit échouer, ne pouvant donner réponse, ne pouvant guérir. « Ainsi, l’hystérique est bien aujourd’hui comme hier, cette figure aujourd’hui en attente de cet Autre auquel elle s’offrira comme tout, tout en sachant que si jamais cela arrivait : ça ne serait pas ça. »3 C’est dans l’insatisfaction que le sujet hystérique va trouver sa propre jouissance, « Le visage de l’hystérie dans tout rapport avec autrui, se présentant comme un lien insatisfaisant, érotisant et triste, tout entier polarisé autours du refus tenace de jouir. »4 La jouissance, la personne hystérique l’atteindra par la création de symptômes corporels, le corps étant au service de la névrose.


Cette analyse de cas clinique, reliée à de la théorie, m’a donc permis de mieux connaître cette pathologie, si chère aux yeux de Freud, et encore présente à notre époque. Elle m’a ouverte à la réflexion et m’a permis de me faire ma propre opinion à ce sujet. Cependant, ce sujet étant très vaste, j’ai été dans l’obligation de faire des choix d’études particuliers. Mon intérêt pour cette pathologie s’est vu s’amorcer au début de mon stage, remarquant le nombre important de sujets avec une structure hystérique et sa diversité d’âges. Ce travail d’étude m’a aussi permis, dans mon emploi de gardes de nuit dans une maison de retraite, d’être plus à l’écoute des symptômes corporels des résidents, pouvant être organiques, psychosomatiques ou hystériques.


Mme P m’a donc permis d’entrevoir le mystère de l’hystérie de conversion, de comprendre ses dessous, mais surtout de juger par moi-même que ces personnes ne sont pas des « simulatrices conscientes », mais qu’elles sont dans une vraie souffrance, psychique et corporelle. Cela m’a également prouvé, une fois de plus, la force et l’impact de l’inconscient au sein du sujet humain.

bibliographie


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1 Lacan (Jacques), L’envers de la psychanalyse, Le Séminaire Livre XVII (1969-1970), Paris, Éditions du Seuil, 1970. P 40.

2 Nasio (Juan-David), L’hystérie ou l’enfant magnifique de la psychanalyse (1990), Paris, Édition Payot, 2001. P 29.

3 Bon (Norbert), « Je suis une femme du siècle dernier »,A propos de l’hystérie aujourd’hui, in Journal des psychologues N°199, Paris, juillet -août 2002. P 54.

4 Nasio (Juan-David), L’hystérie ou l’enfant magnifique de la psychanalyse (1990), Paris, Édition Payot, 2001. P 27.



 

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