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TRAUMATISME ET VICTIMISATION




Etude clinique d’un enfant victime d’abus sexuels






Marion passot


TRAUMATISME ET VICTIMISATION 1

PROBLEMATIQUE 5

PARTIE 1 : CONCEPTS THEORIQUES 8

I – La victimologie clinique 8

1 – Présentation 8

2 - Les C.U.M.P. 9

2.1 - Présentation 9

2.2 – Prise en charge immédiate 10

2.3 - Le debriefing 11

3 – Les S.A.V.U. 12

3.1 – Présentation 12

3.2 - Avis des professionnels sur le projet du S.A.V.U. 13

II - Le traumatisme psychique 15

1 - Historique 15

1.1 - Le traumatisme selon Sigmund Freud 15

1.2 - Le traumatisme selon Sandor Ferenczi 17

1.3 – Le traumatisme selon Mélanie Klein 18

2 - La compulsion de répétition 19

3 - Le traumatisme 20

4 - Après coup du traumatisme 22

III – Cas particulier du traumatisme - les abus sexuels  26

1 – L’abus sexuel et le traumatisme 26

2 – Conséquences du traumatisme de l’abus sexuel 29

3 - L’atteinte du Moi-Peau dans l’abus sexuel 31

IV - La honte 33

1 - Historique 33

2 - Investissements et objets de la honte 34

3 - Les formes de la honte 35

4 - Les phases de la honte 36

5 - Les gestions de la honte 37

6 - Stratégies d’adaptation à la honte 37

V – Le masochisme 40

1 – Le masochisme moral 40

2 – Le masochisme libidinal, dit féminin 42

3 – Le masochisme érogène 43

4 – L’apport de Lacan 44

VI - Le concept de bouc émissaire 45

1 – Approche sociologique 45

2 – Approche psychologique 49

VII - La résilience 52

1 – La notion de résilience 52

2 – Résilience et abus sexuels 55

PARTIE 2 : ANALYSE CLINIQUE 57

I – Méthodologie et présentation du matériel de recueil utilisé 57

1 – Eléments d’anamnèse 57

2 – Le psychodrame 60

3 – Le bilan psychologique 61

4 – Dossier, entretiens, informations complémentaires 63

5 - Présentation de Thomas 65

II - Analyse des séances de psychodrame 67

1 – L’indication du psychodrame de groupe 67

2 – Présentation du cadre du groupe 68

3 – Séances et analyse 69

3.1 - Remarques générales 69

3.2 – Séances où Eric se « victimise » 69

3.3 - Le décalage entre la description et le personnage joué 73

3.4 - Le thème du secret 77

4 – Conclusion 81

III - Analyse du bilan psychologique 85

1 – Le D.10 85

2 – Le T.A.T. 85

3 – Le Rorschach 87

4 – Le pays de la peur et le pays de la joie 92

5 – Conclusion 94

CONCLUSION GENERALE 97

BIBLIOGRAPHIE 104

« La souffrance psychique existe, elle est même inévitable ; elle provoque des dégâts. Il n’y a aucune raison de s’y résigner ; on peut la transformer comme elle nous transforme, on peut même en faire des œuvres d’art ».



Boris Cyrulnick (1999), Souffrir mais se construire, Erès, p.23.







PROBLEMATIQUE




Dans la société actuelle, les notions de traumatisme et de victime sont de plus en plus présentes. En effet, avec les attentats, les affaires de pédophilie, etc., l’insécurité est très souvent mise en avant par les médias. La victime est dorénavant pensée, et ces personnes sont reconnues par la société en tant que victimes. C’est ainsi que des cellules d’urgence sont apparues pour intervenir rapidement auprès d’elles, que des dispositifs spécifiques ont été mis en place pour leur venir en aide, et que la notion de victimologie s’est beaucoup développée ces dernières années.


Cependant, que savons-nous du devenir de ces personnes, comment vont-elles vivre avec cet événement qui a fait rupture dans leur vie ? En me posant ces questions, je me suis aperçue que j’avais très peu de notions sur l’après-coup du traumatisme, sur la manière dont les gens « aménagent » leur vie psychique pour continuer malgré tout à avancer dans la vie. Il m’est alors paru nécessaire, en tant que psychologue en formation, de travailler sur cette question, du fait de l’ampleur que prennent ces concepts de traumatisme, de victime, dans la clinique, et dans la société en générale à l’heure actuelle.


En effet, on croit parfois à tort qu’à tel trauma, tel remède. Ainsi se sont développées des thérapies spécifiques aux victimes d’agressions ou d’abus sexuels, notamment aux Etats-Unis et au Canada. Cependant, c’est oublier la multitude de facteurs qui entrent en jeu (facteurs contextuel, familial, culturel, social et personnel) et qui font que les séquelles d’un traumatisme sont différentes pour chaque personne, et a fortiori, les stratégies de défenses le seront aussi. Il est donc important de considérer chaque victime au cas par cas.


Ainsi, lorsque lors d’un psychodrame de groupe en CMP, j’ai été amenée à rencontrer un petit garçon, que nous appellerons Eric, victime d’abus sexuel, j’ai souhaité étudier sa manière de réagir au traumatisme. Eric est un garçon de 11 ans. Il a été agressé sexuellement lorsqu’il avait environ 6 ans par un voisin de la famille âgé d’une trentaine d’années qui le gardait, lui et sa sœur. C’est Eric qui a divulgué les faits à sa tante neuf mois plus tard.


Lors des séances de psychodrame, Eric choisit régulièrement des rôles de victime. De plus, à l’école, il lui arrive de se retrouver dans des situations où les autres se moquent de lui ou l’agressent, et lui-même s’auto déprécie (« je ne suis qu’un nain », etc.). Ainsi, tout cela m’a amenée à me poser la question : « pourquoi un enfant victime d’agression sexuelle va-t-il se repositionner en tant que victime ? ».


Avant d’aborder les concepts clés qui pourront nous éclairer sur cette question, j’ai souhaité présenter la notion de victimologie, et faire le point sur les services d’urgence mis en place pour l’aide aux victimes, qui comme nous l’avons déjà mentionné, sont en plein développement à l’heure actuelle. Puis, nous étudierons le concept de traumatisme, afin de comprendre l’impact qu’une situation dite traumatique va avoir sur le psychisme d’un individu. Cela nous permettra de mieux appréhender ce qu’il se passe dans l’après-coup du traumatisme.


Nous nous pencherons également sur le phénomène de compulsion de répétition qui peut se jouer lors d’un traumatisme et faire que le sujet le répète, afin de pouvoir l’élaborer. Cela nous permettra de voir si cette conception est à mettre en lien avec la prise de position de victime répétée par Eric lors des séances de psychodrame.


Nous aborderons ensuite plus précisément le traumatisme de l’abus sexuel chez l’enfant, pour nous aider à élaborer ce qu’il se passe pour Eric. Il semble également indispensable d’étudier le Moi-Peau, qui est très souvent effracté lors d’un abus sexuel, et dont la possible atteinte peut nous aider à comprendre en partie la problématique d’Eric.

Le concept de honte me paraît aussi très intéressant à travailler car ce sentiment est souvent présent chez les victimes et il peut avoir une part dans la manière dont la personne va fonctionner après le traumatisme. Nous aborderons également la notion du masochisme, dont nous verrons les différentes formes. En effet, ce sont peut être des éléments masochistes présents chez Eric qui le conduisent à se « victimiser », de manière inconsciente. Il en va de même pour la conception de bouc émissaire, qui paraît entrer en jeu dans le phénomène de « victimisation ».


Enfin, nous étudierons la notion de résilience, qui correspond à la manière dont les individus font face au traumatisme, les moyens qu’ils mettent en œuvre pour le surmonter, l’élaborer et l’intégrer, notion qui me paraît incontournable au regard de notre questionnement.


Puis nous terminerons en travaillant sur le matériel clinique apporté par Eric et recueilli lors de mon stage, pendant les séances de psychodrame, ainsi que pendant les entretiens avec Eric et sa mère, et avec Eric seul lors d’un bilan psychologique. Nous étofferons cela avec des éléments recueillis auprès d’un autre enfant, Thomas, rencontré également lors de mon stage. L’histoire familiale de Thomas est ponctuée de deuils, et il semble lui aussi servir de souffre-douleur à certains enfants de son école.

III - Analyse du bilan psychologique



Nous allons maintenant nous pencher sur l’analyse du bilan psychologique d’Eric, en faisant tout d’abord une étude détaillée de chacun des tests, avant de faire une synthèse générale avec les principaux éléments qui ce seront dégagés dans ce bilan (les dessins et protocole Rorschach et T.A.T. sont en annexe).



1 – Le D.10



Le thème du secret apparaît avec la voiture mystérieuse, dont on ne sait rien. De même, avec la lunette et le garçon qui regarde les étoiles, comme pour découvrir quelque chose, et la taupe dans le souterrain.


Il apparaît également un sentiment d’insécurité de la part d’Eric qui dit souhaiter être la taupe, car elle, on ne la mange pas. Ainsi, en voulant être la taupe, il sera protégé. La taupe représente aussi la régression, être sous la terre, être un animal. Le manque de confiance en soi d’Eric apparaît dans le fait qu’il barre les éléments de la consigne au fur et à mesure qu’il les a dessinés.



2 – Le T.A.T.


Tout d’abord, nous pouvons remarquer qu’Eric utilise beaucoup la restriction, qu’il faut lui poser beaucoup de questions pour l’aider à élaborer ses réponses.

Il utilise également beaucoup la gestuelle, montre de qui il parle sur les planches, et reste alors dans l’anonymat des personnages (il les montre sans les nommer). Il utilise aussi la mise à distance (« moyen-âge » à la planche 2, « film » à la planche 4). Il apparaît ainsi très défensif à l’égard du test, semblant vouloir en dire le moins possible.


Nous observons également qu’Eric a recours à l’imaginaire à certaines planches. Ainsi, à la planche 3, il imagine un haricot magique (fin à réalisation magique) pour se sortir de la problématique dépressive suscitée par la planche. A la planche 11, son récit imaginaire de scientifiques en expédition lui permet d’élaborer l’angoisse suscitée par la planche. L’évocation de l’expédition scientifique représente également un recours à la raison, à la rationalisation, une sorte d’appel à l’intelligence qui est également un moyen de défense utilisé par Eric.


Cependant, ces mécanismes de défenses ne sont pas tout le temps suffisamment efficaces. Ainsi, des éléments d’un sentiment d’infériorité, de solitude aussi, apparaissent, notamment lorsque le contenu latent de la planche représente la position dépressive. C’est le cas à la planche 3 où il raconte l’histoire d’un garçon à l’école qui n’a pas d’amis car il est trop petit (on retrouve ici des éléments projectifs) ; et à la planche 13 B, c’est encore un garçon seul, mais qui va nourrir tous les animaux de la forêt : on voit bien ici la lutte anti-dépressive sur un mode plutôt maniaque, avec le rajout de tous les animaux.


Par ailleurs, à la planche 1, le violon est perçu cassé, abîmé, ce qui tend à montrer sa problématique d’atteinte corporelle. Cependant, il y a possibilité de réparation (« il va le réparer »).


Les mécanismes de défenses sont également mis en échec à la planche 19, où Eric exprime ses angoisses, avec une histoire construite autour du thème du rêve, un rêve dangereux dont on ne se réveille pas. Il apparaît ici la peur de mourir réellement si on rêve qu’on meurt. Ce matériel régressif suscite chez Eric des angoisses archaïques, avec notamment une angoisse de mort.


Par rapport aux imagos parentales, l’image paternelle est dévalorisée, notamment planche 7BM où Eric décrit un père qui ne sait plus rien à la suite d’un coma, et c’est son fils qui doit tout lui réapprendre. L’imago paternelle apparaît donc plutôt défaillante. On note également une instabilité dans l’identification de cette imago « papa/pépé ». Eric utilise peut-être le terme « pépé » pour mettre à distance la représentation paternelle défaillante qui apparaît de façon prégnante à cette planche


L’image maternelle est plus représentée que celle paternelle. Elle apparaît tout d’abord planche 5, où elle est déplacée, représentée par la grand-mère. Elle est vécue comme une instance surmoïque qui vient surprendre une scène transgressive : « il a fait une bêtise ».

A la planche 8BM, l’imago maternelle est représentée, avec l’évocation d’un désir matricide de la part d’Eric, qui ne perçoit pas un homme allongé, mais une femme, que l’on tue car elle n’a pas payé le loyer. Les fantasmes d’agressivité, de désir de mort apparaissent de manière assez crus, avec tout de même un minimum d’élaboration. Ce sont peut-être des sentiments de culpabilité qui apparaissent à minima lorsqu’Eric dit que l’enfant va alors venger sa mère.

Enfin, à la planche 13MF, la femme décrite par Eric apparaît complètement folle, ce qui tend à montrer la défaillance de l’imago maternelle.


Enfin, Eric a beaucoup de difficultés à se représenter le couple parental. Ainsi, à la planche 2, il ne fait pas de différence de génération, la triangulation oedipienne n’est pas évoquée. Il se contente essentiellement de décrire le contenu manifeste de la planche. Ces difficultés à élaborer se retrouvent à la planche 10, où il reste dans la restriction, et où l’on observe une hésitation dans les identifications. Ces hésitations « homme/femme » sont présentes aussi à la planche 4, où Eric expose les difficultés du couple (divorce), et à la planche 13 MF, où nous avons vu que la relation était également difficile.


Ainsi, il apparaît chez Eric des difficultés à faire une différence entre les générations, ainsi que de nombreuses hésitations dans les identifications. Les imagos parentales apparaissent défaillantes, et donc non étayantes, non structurantes pour Eric.



3 – Le Rorschach


Tout d’abord, nous pouvons relever le nombre important de réponses données par Eric (R=51). Cette productivité abondante peut être le signe « d’un vif intérêt pour le « jeu » des images, ou encore, d’une application docile avec une certaine disposition à la minutie scrupuleuse ou bien adhésive. Les « catégories » de réponse sont généralement variées, ce qui n’exclut toutefois pas des persévérations éventuellement dispersées sur plusieurs réponses électives »1.


L’analyse du psychogramme nous montre la présence de nombreux G primaires (54%), qui correspondent à une vision directe, immédiate, basée sur une vue unitaire des contours. Cela témoigne d’une adaptation perceptive de base, et peut renvoyer à une attitude défensive, en permettant à Eric de ne pas trop s’impliquer dans une démarche plus personnelle.


Nous pouvons également remarquer qu’Eric donne plusieurs réponses intégrant le fond (réponses Dbl). Cela peut être le signe d’un manque de confiance en soi, ainsi que d’une carence dans les relations précoces. L’interprétation par le vide renvoie généralement à une sensibilité au manque. De plus, le Dbl traduit selon certains auteurs des tendances oppositionnelles, et les Dbl intérieur (réponses données par Eric) sont surtout donnés par des sujets anxieux, souffrant d’insécurité affective.


En nous intéressant aux déterminants, nous constatons que le F% est plutôt élevé (76%), ce qui renvoie à un mécanisme de défense élémentaire du sujet : il fait un effort d’organisation, de perception, de ce qu’on lui donne. Il tente ainsi de contrôler sa vie émotionnelle et fantasmatique. Cependant, le F+% faible (49% seulement) tend à montrer que ces défenses ne tiennent pas face aux émergences pulsionnelles et aux émotions. Cela se perçoit notamment aux trois dernières planches, qui sont des planches couleur. Elles paraissent plutôt désorganisantes pour Eric. A la planche VIII, il ne donne que des réponses de mauvaises formes, ce qui indique une difficulté pour lui à gérer l’impacte de la couleur. De même planche IX, il donne plusieurs réponses d’expression pulsionnelle, avec « le volcan et la lave », ainsi que « le jet d’eau, l’eau qui sort », qui sont des expressions de l’analité.

Enfin la planche X, où Eric donne plusieurs réponses de type archaïque, avec par exemple « un monstre », « un crabe », ou « un crapaud ».


Des thèmes d’agressions orales sont présents également, et ces réponses sont elles aussi désorganisantes pour Eric car associées à des mauvaises perceptions. Ces expressions orales se manifestent à travers des réponses de type « bouche » à la planche III, ou d’animaux dévorants (« loups » planche V et VI, « crocodiles » planche V, « ours » planche II).

Ici, c’est donc un mode G F- qui domine, ce qui semble signifier qu’Eric est un sujet plutôt rêveur, détaché de la réalité.


Par ailleurs, nous pouvons observer que la somme des réponses couleur est supérieure à celle des kinesthésies. Eric a donc un type de résonance intime extraverti mixte, adaptatif, qui caractérise un sujet dont les intérêts sont plutôt tournés vers l’extérieur, doué de sens pratique, sociable et plutôt expansif. Le A% dans la norme (44%) présente lui aussi un caractère adaptatif et socialisant.


Le protocole indique qu’Eric semble manquer d’assurance et a une mauvaise estime de lui-même. Ainsi, nous remarquons la présence d’un FE dans le psychogramme, qui est un déterminant généralement utilisé par les sujets qui ont une insatisfaction narcissique. L’espace vient combler l’écart que le sujet ressent entre ce qu’il est et ce qu’il voudrait être.


Si nous regardons la symbolique des réponses données par Eric, nous en remarquons plusieurs qui montrent une atteinte de l’intégrité corporelle, teintée d’affects dépressifs. Ainsi planche II « un rocher percé », à la planche V « un escargot aplati », et planche VII « une feuille cassée ». C’est peut-être le signe d’un sentiment de carence, de vide, d’insécurité fondamentale, qui peut renvoyer à une blessure narcissique très précoce.


Cela rejoint les réponses Dbl que nous avons vu précédemment. Cette hypothèse est également renforcée par les réponses de type « rochers », qui caractérisent la plupart du temps une insécurité et une anxiété, en lien avec une carence familiale et qui signent un besoin de protection.


De même, les réponses de fragments que donnent Eric sont généralement le fait de sujet indécis, imprécis. Ce sont aussi des réponses pouvant être données par des énurétiques, notamment avec le contenu « eau ». Nous retrouvons à la planche IX la réponse « jet d’eau ». De plus, cette réponse marque un mode d’appréhension qui porte spécialement sur la partie médiane de la tâche. C’est aussi le cas pour les réponses de type « arbre », « tour », « porte manteau », ou « colonne vertébrale », données par Eric. « Ce mode de réponse reflète des incidences affectives particulières, se rapportant soit à des sentiments d’ambivalence […], soit à un besoin de soutien et d’appui protecteur »1.


Ce besoin d’être étayé par l’autre se retrouve dans la systématisation des réponses symétrie : besoin du double, de l’autre (l’autre doit être identique pour se sécuriser, trouver appui), ainsi que dans la manière dont Eric pointe le double, en ayant besoin de préciser qu’  « il y en a deux ». Et à la planche III, il perçoit « deux humains collés », ce qui renforce cette idée de recherche d’étayage, de relation anaclitique avec l’autre. Cependant, cette réponse peut aussi être une représentation du caractère dangereux que peut avoir la relation à l’autre, où l’on peut rester collé et ne plus pouvoir s’en sortir. Cela est appuyé par le thème de bagarre présent à la planche II, avec « deux ours qui se battent », où la relation à autrui est connotée de manière violente, agressive, dangereuse.


Par ailleurs, nous remarquons qu’à la planche VIII, Eric donne une réponse qui implique le besoin de se représenter l’intérieur du corps. Cela peut-être en lien avec l’abus qu’il a subi Il met ainsi en avant la thématique sexuelle, avec la représentation du bassin. Cette thématique est également présente à la planche III, où Eric a évoqué une bouche, avec la langue.


Cette réponse peut aussi être en lien avec le thème du secret, vouloir voir ce qui est caché, savoir comment tout fonctionne à l’intérieur de soi. Cela se retrouve à la planche IX, où Eric dit que l’on voit l’intérieur du volcan.


Intéressons-nous maintenant aux représentations des imagos parentales. L’image maternelle est essentiellement évoquée à travers des représentations de caverne, ce qui est plutôt régressif. L’imago paternelle, quant à elle, est peu représentée Elle apparaît à travers des éléments comme un porte manteau, ou un arbre à la planche VI.


C’est également à cette planche qu’il semble qu’Eric ne fasse pas vraiment de distinction entre les générations, car il perçoit des bébés et des adultes au même endroit de la planche, la seule différence entre eux étant une mèche de cheveux pour les adultes.


En résumé, il semble qu’Eric n’ait pas des mécanismes de défenses suffisamment efficaces pour contenir ses émergences fantasmatiques et pulsionnelles, parfois angoissantes, en lien avec sa problématique, et que cela l’empêche par moment de percevoir clairement la réalité.


Pour finir, intéressons-nous aux travaux de Lisbeth Brolles (1997), qui, à partir du Rorschach, a mis en évidence un type de personnalité qu’elle a nommé « personnalité-bordure ». Il s’agit de sujets présentant une fragilité de l’enveloppe psychique et qui ont des difficultés pour maintenir un investissement narcissique. Selon elle « le Rorschach constitue un outil privilégié pour l’étude des failles du narcissisme et plus particulièrement pour mettre en évidence les carences de l’investissement narcissique : c’est une médiation qui met à l’épreuve « les » limites intrapsychiques et intersubjectives et […] qui permet également d’étudier la représentation de soi »1.


Les « personnalités-bordures » ont un protocole où apparaissent généralement les trois critères suivants :


  • Les réponses « bordures » : c’est l’aspect du bord de la tâche, la perception

particulière de la limite entre le fond et la tâche, qui vont induire la réponse du sujet. Ce sont généralement des réponses du type « feuille », « masque », etc. Nous retrouvons ce type de réponses dans le protocole d’Eric, avec notamment une persévération de remplissage avec la réponse « feuille », réponse généralement suggérée par l’impression diffuse d’une étendue plane, informe. La réponse « masque » est également présente, à la planche I, et elle peut signifier que l’extérieur apparaît menaçant. Le masque est ainsi protecteur, et permet au sujet de se cacher, pour qu’on ne perçoive pas sa vulnérabilité. Il lui permet de se tenir en retrait par rapport au monde.


Le « masque » représente aussi une réponse « peau », tout comme le « manteau » de la planche IV, « les ombres » planche VI, qui offrent une sorte de seconde peau au soi du sujet, la « perruque » planche VII, ou encore le « chapeau » planche IX. Nous savons grâce aux travaux de Didier Anzieu (1985) que la peau a une fonction de pare-excitant par rapport à ce qui vient de l’extérieur, et qu’elle représente une défense contre les risques d’intrusion, et c’est également « une limite interne, barrière contre les risques de vidage narcissique »1.


La question de la limite, de l’enveloppe, apparaît également dans l’intégration du blanc à la tâche, lorsque la bordure « ne joue pas son rôle de séparation entre un espace interne et un espace externe »2. Nous avons vu que ce type de réponse est donné par Eric.


  • Les réponses « symétrie » : pour Brolles, ces réponses ne représentent pas, pour les

« personnalités-bordures », une quête du double, mais une quête d’un regard dans lequel ils puissent trouver de l’investissement narcissique, un regard qui les soutienne. Nous avons vu que des réponses « symétrie » sont données par Eric.


  • Les réponses  « animal » : elles sont généralement de bonne forme. Ce sont le plus

souvent des animaux dépréciés (« chauve-souris », « bestiole », etc.) ou dont le contenu est vague. Ce peut être aussi des animaux fragiles (« papillon »), ou des animaux à carapace (« crabe »), ce qui rappelle une seconde peau protectrice.


L’auteur nous dit que « toute la quête du sujet à travers les réponses « animal déprécié » est en fait la quête de la confirmation par l’autre qu’il n’est pas un sujet déprécié ; d’où la recherche d’un miroir à travers les réponses « symétrie », quête d’un miroir qui lui renverrait une « bonne » image ; ce n’est qu’à partir de ces éléments qu’il pourra intérioriser une image de soi plus valorisée et puiser des ressources libidinales aptes à construire une source d’investissement narcissique »1.


Ainsi, il apparaît qu’Eric semble entrer dans cette catégorie de « personnalité-bordure » décrite par Brolles.




4 – Le pays de la peur et le pays de la joie


Le pays de la peur


Tout l’espace est occupé. Le diable et son chien sont grossis par rapport au reste, et se trouvent sur le côté gauche de la feuille. Ces deux éléments les plus angoissants sont les plus gros.

La structuration de l’espace est de type II, et le schématisme est bon. Comme au D.10, les personnages sont représentés de face. Le chien ne fait rien, seul le diable est en mouvement, et exécute une action simple.

Comme au D.10, les traits sont dans l’ensemble normalement appuyés, longs et réguliers. Ils sont plus appuyés pour le chien et le diable, qui sont les éléments centraux du dessin. Pour la lave, le trait est peu appuyé, plus instable. C’est l’élément dessiné en dernier.

Le thème prégnant du dessin est l’agression par un para-humain, par un animal et aussi par la nature (lave). Cela se retrouve dans 5% des cas à cet âge. Il s’agit ici d’angoisses régressives, avec une angoisse de chute et une angoisse de dévoration, ce qui est généralement un indice d’une grande perturbation.


La production d’Eric est proche de celle d’un enfant de huit/dix ans, où l’angoisse de l’atteinte de l’intégrité corporelle est mise en avant. On remarque ici que le cerveau de l’homme et la bouche du chien sont noircies, comme pour marquer ces angoisses d’attaque du corps et de dévoration.


Le diable est nanti sexuellement. Cela semble être en lien avec l’abus sexuel. Le diable serait ainsi une représentation de l’abuseur. Eric dit que ce diable ne tue que les méchants humains. Pense-t-il que c’est parce qu’il a fait quelque chose de mal qu’il a été abusé, se sent-il coupable ?

On remarque également que le diable est dessiné avec une main en forme de trident. Cela représente-t-il la main mauvaise, méchante, qui a abusé de lui, comme « la main maudite » à la quinzième séance du psychodrame ?


Le chien est représenté de façon archaïque, avec huit pattes, et l’on voit son cerveau en transparence. Ce chien mange les cerveaux des humains. Cela fait penser à une attaque du Moi-Peau. De plus, son propre Moi-Peau est également attaqué, car à force de manger des cerveaux, sa peau craque, explose, et son cerveau sort. L’attaque du Moi-Peau, l’atteinte du corps, est aussi représentée par l’humain, qui en plus d’être mort, va être brûlé, déformé par la lave.


Le thème du secret est présent ici aussi, avec le diable qui espionne les humains, qui sait tout ce qui se passe sur terre. Eric se protège de l’angoisse que cela suscite chez lui en disant que ce ne sont que les méchants qui vont en enfer. Si lui devait mourir, il irait au paradis parce qu’il est gentil.



Le pays de la joie


Tout l’espace est utilisé, mais le haut de la feuille est un peu plus investi. La structuration semble être de type II. Le schématisme des nuages est plutôt moyen pour son âge. Aucun personnage n’est représenté, il n’y a aucune dynamique. Les traits sont réguliers, longs et normalement appuyés.


La figuration est impersonnelle et objective, ce qui permet à Eric de contrôler ses émotions. Ce dessin est en réponse directe au pays de la peur.


Eric représente un thème de sécurité, avec une porte, le soleil, et même la température pour se défendre du pays de la peur, du diable et de son chien, qui semblent avoir été sources d’une angoisse importante chez lui.


L’appauvrissement thématique et figuratif est normal à son âge. Il est lié au désir du sujet d’exercer une maîtrise de son affectivité. Il n’y a pas de représentations humaines (« ils dorment encore »). L’absence de personnage traduit le refus d’implication à cet âge.


Le monde merveilleux raconté ici par Eric fait partie des 2% des productions de cet âge. Il s’agit en général de sujets qui ont une problématique relationnelle qui ne peut s’exprimer que par une transposition la plus éloignée possible de la réalité.


Le paradis représente pour Eric un endroit où tout le monde est gentil, où il ne se fera pas agresser, où il sera en sécurité et heureux, et où il pourra retrouver sa grand-mère.



5 – Conclusion


Nous avons tout d’abord pu remarquer l’attitude défensive d’Eric face à l’ensemble du bilan. En effet, il m’a peu parlé, et n’a répondu à mes interrogations et sollicitations que par des hochements de tête (langage essentiellement corporel). Il a accepté de faire un dessin libre, qui représente le bureau où il était, avec le pot à crayon. Ce dessin de la réalité concrète semble ainsi montrer l’envie d’Eric de ne pas s’impliquer. Cette mise à distance se retrouve au T.A.T. et au Rorschach. Nous pouvons la mettre en lien avec ce qu’il nous a laissé voir de sa réalité subjective, notamment au D.10, avec les représentations du garçon et de la taupe, qui paraissent vouloir se « retirer » en quelque sorte du monde extérieur, pour qu’on les laisse tranquilles. La taupe sort de terre juste pour prendre à manger, puis elle retourne vite dans ses galeries pour hiberner. C’est une façon de se recentrer sur soi, de se retrouver seul avec soi-même. Il en est de même lorsque Eric s’est projeté dans l’étoile filante aux commentaires. Cela lui permet de ne pas être dans la réalité concrète, d’être loin de toute atteinte, comme la taupe dans son terrier. Ainsi, la mise à distance semble être un moyen pour lui de se défendre, de se structurer, en même temps qu’elle représente un aspect de sa réalité subjective.


Nous avons également pu observer une faille narcissique assez importante, un manque de confiance en soi chez Eric, avec des éléments de dévalorisation, notamment à propos de sa taille. Cela est en lien avec ce que nous avons étudié dans la première partie de ce travail, sur ce que pouvait entraîner un abus sexuel par rapport à la perception de soi. Cela apparaît de façon claire, notamment au D.10, où Eric dessine le garçon beaucoup plus petit que les autres personnages. Nous pouvons également relier ces éléments à ce que nous dit René Girard à propos des signes victimaires. En effet, le fait qu’Eric se dévalorise peut inciter les autres à faire de même, et donc à le prendre comme bouc-émissaire, en se moquant de lui et en le frappant.


Plusieurs éléments apparaissent (méfiance vis-à-vis du monde extérieur, mauvaise image de soi, atteinte du Moi-Peau), qui semblent être en lien avec l’abus sexuel subi par Eric, traumatisme qui n’a fait que renforcer après-coup des angoisses primaires déjà existantes chez lui.


Par ailleurs, beaucoup d’angoisses sont apparues au cours de ce bilan. Principalement des angoisses d’atteinte du corps et de dévoration, qui ont surtout été exprimées par Eric au pays de la peur, mais qui sont également apparues au D.10 (il voudrait être la taupe car elle ne se fera pas manger), au Rorschach (« rocher percé », « feuille cassée »), et au T.A.T. (« violon cassé »). Comme nous l’avons déjà dit, nous pouvons lier ces angoisses avec l’attaque de la fonction contenante, pare-excitante du Moi-Peau.


Ces angoisses viennent mettre à mal le système de défenses d’Eric, et l’empêchent par moment de percevoir la réalité telle qu’elle est objectivement, comme le montre le F-% élevé au Rorschach.

Il faut également souligner les confusions et les hésitations qu’il fait par rapport aux identifications des personnages, apparues notamment au T.A.T. Ces confusions dans son langage se retrouvent par moment au psychodrame et dans les entretiens, confusion des sexes et de son identité sexuée. Il s’agit peut-être du reflet d’un fantasme d’identification à la fille, fantasme d’être castré. Nous reviendrons plus précisément sur ce point dans la conclusion générale de ce travail.


Enfin, nous avons observé que les imagos parentales n’apparaissent pas sécurisantes et contenantes, avec des fantasmes de mort à leur égard (D.10 et T.A.T.). Eric semble alors rechercher des personnes sur lesquelles s’étayer, comme nous l’avons vu au Rorschach.




CONCLUSION GENERALE



Pour terminer ce travail, nous allons faire une synthèse des éléments que nous avons pu relever dans notre analyse clinique, et nous allons tenter de les mettre en lien avec les concepts de notre partie théorique.


Nous avons vu qu’Eric utilise son corps pour exprimer ce qu’il ressent, que le langage corporel semble être son mode d’expression privilégié. Cela correspond à un mécanisme adaptatif, utilisé par le sujet pour communiquer et se décharger (Michel Lemay, 1999).


Il apparaît également que la mise en scène de son traumatisme est importante pour lui, même si les autres ne comprennent pas toujours ce qu’il fait. Par cette mise en actes, il semble vouloir montrer à l’autre ce qu’il a vécu, et être reconnu dans le regard de l’autre. Il s’agit donc véritablement de mettre en scène son traumatisme, plus que d’un appel pour être aidé. Cela rejoint ce que Lacan dit du masochiste, qui, par la souffrance, cherche à être reconnu par l’Autre, en tant qu’être, que sujet, et cela passe par les autres (thérapeutes, autres enfants du psychodrame, …).


Par ailleurs, nous nous sommes aperçus que l’imaginaire avait une place importante chez Eric. En effet, lors d’un entretien avec sa mère pour faire le point sur le psychodrame, celle-ci nous a dit qu’Eric invente beaucoup de choses, il fabrique des objets, ou des livres, dans lesquels il écrit des histoires qu’il imagine, ou alors il y fait des dessins. Nous voyons donc avec cet exemple que l’imaginaire est très présent et investi par Eric.


Ainsi, le recours à l’imaginaire (T.A.T., psychodrame, invention d’objet, etc.) semble être une forme de résilience de la part d’Eric, un moyen par lequel il tente d’élaborer le traumatisme qu’il a vécu. Cela rejoint ce que nous dit Claude Aiguesvives (2001) à propos de l’enfant qui a subi une agression sexuelle : celui-ci a souvent recours au fantasme pour masquer la réalité vécue, et ainsi reconstruire une situation plus supportable pour lui, qu’il pourra se représenter.

Mais la réalité étant moins investie, Eric ne fait pas beaucoup attention à lui, et se met parfois en situation de danger (comportements reflétant l’abandonnisme, etc.), ou dans des situations pouvant amener les autres à le prendre pour bouc-émissaire.


Lors du bilan psychologique et des séances de psychodrame, nous avons pu remarquer la prégnance d’angoisses de dévoration chez Eric. Ces angoisses, avec ce qu’elles représentent, sont compréhensibles au regard de l’abus sexuel qu’il a subi. Andrée Bauduin (2001) explique que l’angoisse d’être dévoré n’est pas seulement le retour des pulsions sadiques orales, c’est aussi une angoisse liée à la peur de l’étranger, et qui permet de donner un contenu à cette peur. Ainsi, au travers de cette angoisse, Eric exprime la crainte qu’il a d’autrui, crainte peut être d’être de nouveau agressé, de revivre une situation traumatique.


De plus, l’auteur ajoute que cette angoisse d’être dévoré, liée tout d’abord à l’angoisse de l’étranger, va devenir ensuite le « costume psychique » de l’angoisse de castration. « Ce sont les pulsions à but passif (…), celles qui renvoient pour Freud à l’angoisse de castration, qui trouvent leur déguisement le plus adéquat dans la fantasmatique de l’oralité : être dévoré, mordu, permet d’écarter de la conscience l’idée du sexe, tout en conservant l’angoisse qui se trouve ainsi justifiée, ramenée au danger bien compréhensible d’être dévoré »1. Eric a été confronté précocement à la sexualité adulte, et cette expérience sexuelle a été traumatique pour lui. Il exprime alors son angoisse de castration par le biais d’angoisses de dévoration, ce qui lui permet d’écarter tout le côté sexuel, traumatique pour lui, que l’angoisse de castration en elle-même risque d’activer.


Par ailleurs, la clinique nous montre en général que ces sujets qui présentent des angoisses de dévoration, ont un préconscient insuffisamment « nourri », ainsi qu’un manque d’enveloppe psychique. C’est en effet ce que nous avons retrouvé chez Eric, avec un Moi-Peau qui ne paraît plus remplir sa fonction de contenant. Mais nous reviendrons sur ce point ultérieurement.


Bauduin nous dit également que le fantasme d’être dévoré est un fantasme masochiste, qui s’exprime le plus souvent dans l’angoisse, et qui représente une variante du fantasme d’être battu (cf. Freud, Un enfant est battu, 1919). « Le désir passif d’être mangé se teinte de masochisme à la recherche d’un objet extérieur sadique »2.


Nous voyons ici le lien entre cette angoisse présentée par Eric et les traits masochistes qui apparaissent également chez lui. Nous avons relevé la présence d’un fantasme d’identification à la fille, avec sa manière de parler de lui au féminin, fantasme d’être castré. Peut-être que les hésitations sur les identifications sont dues à une certaine identification d’Eric à l’image féminine. En effet, son père ne s’occupe pas de lui, et selon les dires de sa mère, il aurait subi la même chose qu’elle, de la même personne, et il en va de même pour sa sœur. Tout cela peut amener de la confusion quant à son identité et entraîner des difficultés d’identification à l’image masculine. Mais cela n’est qu’une hypothèse. Par ailleurs, cela rejoint ce que nous avons vu par rapport au masochisme, qui serait de forme libidinale chez Eric, où l’on retrouve ce fantasme d’être castré, ainsi que celui d’être battu, sous-tendu par le fantasme de dévoration. Il est possible qu’il y ait également chez Eric des traits de masochisme moral, qui repose sur la relation interpersonnelle-intrapersonnelle. Ce concept élaboré par Freud (1924) est le plus pertinent lorsque l’on évoque une participation inconsciente au processus de victimisation, ce qui semble être le cas pour Eric. Cependant, le masochisme moral est une forme plutôt bien structurée de masochisme, présente chez un sujet en tant que « gardien de la névrose », comme nous l’avons vu avec Rosenberg. Or, il ne semble pas qu’Eric relève de cette structure. Il semble donc que les deux formes de masochisme, moral et libidinal, soient intriquées chez Eric.


Nous retrouvons également des aspects masochistes chez Thomas, dont nous avons fait la présentation précédemment. Ils pourraient expliquer en partie le fait qu’il se fasse agresser par les autres, comme Eric.

Ses parents l’avait déjà amené au C.M.P. il y a trois ans, pour des troubles d’anorexie (apparus six mois après la naissance de ses frères) ; il a arrêté de s’alimenter pendant une semaine, et a dû être hospitalisé. Nous avons vu avec Rosenberg (1991) que l’anorexie est une forme de masochisme. De plus, sa mère a fait remarquer pendant l’entretien, que Thomas aimait bien aller chez le dentiste, ce que généralement les enfants redoutent car cela peut être douloureux. Cela va dans le sens de signes masochistes chez lui. Ceux-ci semblent représenter, comme pour Eric, un mécanisme de défense, et pourraient être une des explications de sa victimisation.


Ainsi, le fait qu’Eric se repositionne en tant que victime après l’avoir été semble donc être dû, du moins en partie, à son fonctionnement avec des traits de masochisme, comme mécanisme de défense. Ce mode de défense paraît cependant coûteux car cela attire le sadisme des autres. Les autres enfants semblent l’utiliser en tant que victime, cela leur apporte de pouvoir décharger sur lui tout ce qu’ils ont de mauvais en eux, qu’ils rejettent. Cela leur permet également de décharger leur agressivité, d’exprimer leurs fantasmes, leurs pulsions sadiques. De plus, selon Freud, le sadisme vise surtout à la domination de l’autre, à la maîtrise exercée sur autrui. Ainsi, en malmenant Eric ou Thomas, les autres enfants se donnent un sentiment de maîtrise.


Par ailleurs, il s’est également dégagé du bilan psychologique et des séances de psychodrame des éléments mettant en évidence une faille narcissique chez Eric. Nous avons vu des sentiments de mauvaise estime de soi et de manque de confiance en soi. Une recherche d’étayage était également présente, qui peut laisser supposer qu’Eric se positionne en tant que victime dans le but d’attirer l’attention de l’autre, pour que les autres le soutiennent et l’étayent. Mais nous avons vu, notamment dans l’analyse des séances de psychodrame, que cela pouvait avoir tendance à attirer le sadisme des autres.


Pour en revenir à la faille narcissique présente chez Eric, nous avons pu observer des angoisses d’atteintes corporelles, d’agression, d’effraction, liée à une carence du Moi-Peau (en lien également avec les angoisses de dévoration, comme nous l’avons vu). A ce propos, Didier Anzieu (1985) nous dit que « l’individu va avoir tendance à chercher un substitut en se servant de la douleur psychique ou physique comme de l’enveloppe protectrice qui lui fait défaut »1. De plus, Claude Barrois (1988) évoque dans les névroses traumatiques une perte de soi-même qui englobe le narcissisme du contenant, c’est-à-dire la confiance et la sécurité dans les enveloppes psychiques et le Moi-Peau.


Ainsi, quand un sujet se constitue une identité de victime, cela peut être compris comme l’effet d’une carence de la  fonction contenante  du Moi-Peau, en même temps que comme un tentative d’y remédier : le sujet cherche une enveloppe substitutive dans la douleur physique ou dans l’angoisse psychique : « il s’enveloppe dans la souffrance »2.


Ces atteintes narcissiques et identitaires correspondent avec ce que nous avons vu chez les victimes d’abus sexuels. Il en va de même pour la difficulté d’Eric pour exprimer ses émotions. De Clercq et Lebigot (2001) rapportent à propos de ces enfants des manifestations d’inhibition, notamment le repli sur soi et l’isolement social, ainsi qu’une inhibition de l’expression des affects. Nous pouvons également ajouter les symptômes somatiques décrits par plusieurs auteurs et qui font généralement suite à un abus sexuel, et que nous pouvons retrouver chez Eric, comme les tics ou l’énurésie ; au niveau des symptômes psychologiques et comportementaux, nous retrouvons le sentiment d’être victime et une attitude de « victimisation ».


Cette attitude peut s’illustrer par la réaction d’Eric par rapport au projet de l’internat prévu pour lui l’année prochaine. Cette idée l’angoisse beaucoup, mais il a des difficultés à exprimer ce qui l’angoisse. La seule chose qu’il ait pu en dire lors d’un entretien avec lui et sa mère, c’est qu’il pense que « ça va mal se passer ». On voit par cette phrase qu’il se projette déjà comme une victime, il projette son vécu de victime dans cette nouvelle situation à venir, il ne semble pas pouvoir l’envisager sous un autre aspect.


Nous avons également constaté la présence de signes victimaires chez Eric, comme chez Thomas, au niveau physique (taille) et psychique (immaturité affective liée à des éléments de régression). Selon Micheline Christen (1997), lorsque un enfant est mal soigné, c’est-à-dire que l’attention qu’on lui porte se manifeste essentiellement sous des formes négatives, comme nous avons vu que c’était en partie le cas pour Eric où ses parents apparaissent défaillants, l’enfant risque peu à peu de développer des comportements provocants. « Il va se constituer bouc-émissaire pour s’assurer de recevoir de l’attention »1.


Nous pouvons également ajouter que les autres enfants semblent projeter sur Eric, comme sur Thomas, ce qu’ils ne veulent pas voir en eux, comme peut-être par exemple l’immaturité affective. De ce fait, ils deviennent le mauvais objet, celui qu’il faut chasser, rejeter.


Ce processus de projection sur une personne extérieure, ainsi que les signes victimaires, peuvent expliquer en partie la victimisation d’Eric et celle de Thomas.


Il est important de relever aussi la grande place de la répétition chez Eric. Au travers des différents concepts que nous avons présentés dans notre partie théorique, la notion de répétition est particulièrement apparue. Nous avons donc vu qu’en psychanalyse, la répétition représente un moyen pour parvenir à une symbolisation. Nous avons également vu qu’elle pouvait être présente sur le plan somatique, soit imaginairement (tics, gestes, etc.), soit dans le réel du corps (maladie). Enfin, la répétition peut aussi apparaître dans la réalité, lorsque le sujet devient victime, qu’il répète dans le réel l’expérience traumatique qu’il a vécu.


A partir de là, nous pouvons émettre l’hypothèse qu’en jouant le rôle de victime, Eric montre ses symptômes non résolus, non maîtrisés. Cette répétition ne conduit pas forcément à l’amélioration par rapport au trauma originaire, mais vise cependant à un meilleure résolution de ce trauma. La répétition pourrait donc avoir une fonction « traumatolytique ».


Jouer une victime dans le psychodrame lui permet peut-être un retour cathartique des faits et des éprouvés, ce qui transforme le vécu et évite son enkystement pathogène. Nous pouvons également ajouter que la répétition, selon Lacan, représente une mise en sens. Par ce biais, Eric tente de mettre du sens, du signifiant, là où le réel a fait effraction et a empêché la symbolisation nécessaire à la compréhension de l’événement.

Cette répétition peut également être liée à la honte qu’Eric a pu ressentir lors de la situation traumatique qu’il a vécu, et cette honte a pu empêcher la verbalisation de ce qu’il a ressenti.


Par ailleurs, le concept de honte, nous l’avons vu avec Serge Tisseron (1992), se rattache également à la notion de Moi-Peau. En effet, la honte est liée à l’intrusion de la fonction contenante du Moi-Peau, car dans la honte, nous avons vu que le sujet se sent « percé à jour », « transpercé ».


La honte est aussi en lien avec la mauvaise estime de soi qu’Eric ressent, car comme nous l’avons vu avec Alain Ferrant (2001), dans la honte disruptrice, le sujet se sent méprisé par les autres, et l’est également à ses propres yeux.


Enfin, la honte peut être liée au concept de bouc-émissaire, dans le sens où elle est une forme de « dés-intégration ». Elle correspond à une rupture du lien social, et nous avons vu qu’une des stratégies d’adaptation à la honte est la résignation à cette honte, qui peut se placer dans une stratégie inter-subjective. Le sujet va ainsi représenter le bouc-émissaire. Nous avons vu que dans ce cas, selon Tisseron, si le masochisme apparaît, il correspond plutôt à une tentative d’aménagement de la situation qu’à sa cause.


Nous venons ici de constater que les concepts étudiés dans notre partie théorique se sont révélés présents dans la clinique du cas d’Eric, dans sa manière d’être, et qu’ils sont tous en inter relation. Il apparaît cependant difficile de déterminer quelle est la nature de leur relation, et quelles sont les spécificités de leurs interactions. Tous semblent cependant intervenir dans le processus de victimisation d’Eric, en tant que mécanisme de défense, ou en appelant à cette victimisation. Il est même possible que certains concepts soient les deux à la fois.


Pour conclure, je souhaiterais relever un point qu’il m’a paru important de ne pas négliger, mais que je n’ai cependant pas eu le temps d’aborder ; c’est le fait que la mère d’Eric a elle aussi été abusée étant petite, et que selon ses dires, Eric aurait lui aussi été abusé par la même personne qu’elle. Ainsi, le transgénérationnel semble avoir une place importante ici, et c’est une piste de travail intéressante pour approfondir l’analyse du cas d’Eric. Je terminerai donc en faisant référence à Nicolas Abraham et Maria Torok (1978), qui postulent que le traumatisme psychique oublié va s’exprimer en dehors de la conscience, « dans l’entre-deux du secret »1, et est teintée de honte. « Ce secret donnerait naissance, dans la génération suivante, à un fantôme »2, c’est-à-dire « le travail dans l’inconscient du secret inavouable d’un autre (inceste, crime etc.) »3.

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1 Beizmann, C. (1982). Le Rorschach de l’enfant à l’adulte. Paris : Delachaux et Niestlé, p. 173.

1 Brolles, L. (1997). Cherche objet désespérément ou l’expression d’une enveloppe discontinue à travers le Rorschach, dans Projection et symbolisation chez l’enfant, sous la direction de Roman, P. Lyon : PUL, p.106.

1 op. cit. p.106.

2 op. cit. p.108.

1 op. cit. p.112.

1 Bauduin, A. (2001). Variation sur le thème d’être mangé. Revue française de psychanalyse, décembre, vol 65 (5), p.1521.

2 op. cit. p.1533.

1 Anzieu, D. (1985). Le Moi-Peau. Paris : Dunod, 1995, p.125.

2 op. cit. p.125.

1 Christen, M. (1997). De la participation des victimes à leur victimisation. Thérapie familiale, vol 18, n°2, p.101.

1 Teboul, R. (1998). Abus sexuel : « vous avez dit victime ? ». L’évolution psychiatrique, vol 63, n°1-2 janv-juin, p.138.

2 op. cit. p.138.

3 Abraham, N. et Torok, M. (1978). Le travail du fantôme dans l’inconscient et la loi de la nescience, dans L’écorce et le noyau. Paris : Flammarion, 1987, p.391.

 

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