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Corps, Masculinité, Virilité défensive

des Sapeurs-Pompiers

à l'épreuve du sport au travail

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Approche psychodynamique

Le cas de quatre Centres de Secours

par christian.grijalvo

Mots clés : psychologie du travail, pscyhodynamique, sapeurs-pompiers, souffrance, sport, corps, accident du travail, subjectivité, masculinité, virilité défensive, rapports sociaux, sexe

PLAN

INTRODUCTION GENERALE

I – LE CADRE DE L'INTERVENTION

11 – Le terrain d'intervention

12 – La demande

13 – La Méthodologie

14 – POSITIONNEMENT

15 – CADRE THEORIQUE DE NOTRE ETUDE

II – LA PLACE DU SPORT CHEZ LES SAPEURS-POMPIERS

21 – Le sport dans le travail des sapeurs-pompiers

  • 211 – Le point de vue de la psychodynamique

  • 212 – Une violence maîtrisée ?

  • 213 - Comme un espace de jeu : le point de vue philosophique

  • 214 - Comme une mise en scène

22 – La place du sport dans la journée de travail des sapeurs-pompiers

  • 221 – Les moments du sport dans une journée de travail

  • 222 – Les différents lieux de l'activité sportive

  • 223 – Les différentes activités sportives

  • 224 – Les enjeux actuels de la pratique sportive

23 – Le rôle du sport chez les sapeurs-pompiers

  • 231 – La Construction de l'aptitude

  • 232 – L'aménagement d'un espace de liberté et de plaisirµ

  • 233 – La construction d'un contre-pouvoir

III – LES LIENS DU SPORT AVEC LE METIER DE SAPEURS-POMPIERS

31 – Le sport, le métier et la souffrance

32 – Le sport, le métier et la reconnaissance

33 – Le sport pour reproduire le vécu du travail

  • 331 – Le rapport à la passivité et à l'action

  • 332 – Le rapport au temps

  • 333 – Le rapport à l'urgence

  • 334 – Le rapport à l'improvisation

  • 335 – Le rapport aux morcellements des corps, de l'activité

34 – La médiation du corps dans le sport chez les sapeurs pompiers

  • 341 – La dimension corporelle de l'intelligence

  • 342 – L'intelligence de la pratique

  • 343 – La sensorialité, le sens

  • 344 – La tentation de maîtrise

35 – L'apport du sport pour le métier de sapeurs-pompiers

  • 351 – Pour comprendre, transformer

  • 352 – Pour la construction de soi

  • 353 – Pour la construction du collectif

36 – La construction d'une identité masculine

  • 361 – Une identité masculine professionnelle

  • 362 – A l'école de la masculinité

  • 363 – Pour un idéal personnel

  • 364 – Pour un idéal professionnel

IV – LES DERIVES DE LA VIOLENCE SPORTIVE

41 – Les stéréotypes masculins

42 – Comment dire la souffrance ?

  • 421 – Dans un collectif d'hommes

  • 422 – Au niveau du corps

43 – La sportivité défensive

  • 431 – Virilité défensive

  • 432 – Exclusion des femmes, des maillons faibles, des différents

V – DE NOUVEAUX STYLES

51 – DE NOUVEAUX MYTHES

52 – UNE IDENTITE DE GENRE

53 – UN DECLIN DE LA SUBJECTIVITE ?

54 – UNE MASCULINITE PLURIELLE

CONCLUSION

INTRODUCTION

Ce mémoire est le fruit d'une intervention en psychodynamique du travail que j'ai menée de février à juillet de l'année dernière auprès des Sapeurs-Pompiers de quatre Centre de Secours. Cette intervention correspondait à une demande relative au problème de l'accidentologie sportive.

A partir de différents constats concernant la pratique sportive au travail des Sapeurs-Pompiers et notamment la rudesse et la violence qui s'y déploient, je me suis efforcée de produire un questionnement sur la nature des liens profonds qui se tissent entre l'activité sportive au travail d'une part et le vécu du travail d'autre part.

Qu'est-ce qui se joue sur ces deux terrains celui sportif et celui opérationnel qui pourrait se rapatrier de l'un à l'autre?

De quelles influences mutuelles ces deux activités se nourrissent ? Pour le meilleur ? Pour le pire ?

Qu'est-ce qui sur le terrain sportif s'initie, se prépare, se répète, tente de se comprendre et de se transformer ? – pour mieux vivre dans de meilleures conditions le combat proprement dit opérationnel ? – pour tenir au travail ? – pour se construire individuellement, collectivement ?

Quelles mutations peuvent être espérées du terrain sportif au terrain opérationnel et réciproquement ?

Les activités sportives chez les Sapeurs-Pompiers sont intégrées au quotidien à la journée de travail. Or, trente sept pour cent des accidents du travail chez les Sapeurs-Pompiers à l'échelon national sont imputables au sport. Quant aux quatre Centre de Secours sur lesquels portait l'étude de notre terrain en psychodynamique du travail, l'accidentologie sportive représente la part la plus importante des accidents en service.

Ce constat étonnant m'a conduit à placer la question de l'accidentologie des Sapeurs-Pompiers lors des entraînements sportifs comme un point de repère pour construire la réflexion de mon mémoire en psychologie du travail. En effet, comment ne pas rester perplexe devant l'absurdité des accidents en service pendant le temps sportif et les débordements des sports collectifs eu égard aux notions de sécurité et de sûreté que le métier représente ?

Ne pouvant pas accéder directement à l'activité opérationnelle du métier, c'est l'entrée du sport, que j'ai choisie pour approcher l'énigme du travail de la profession des Sapeurs-Pompiers. La grille de lecture qu'offre l'activité sportive à la lumière des concepts en psychodynamique du travail pour comprendre ce qui se joue au travail m'a paru une perspective intéressante pour analyser le rapport du sujet au travail. En effet, comment comprendre la formidable énergie de la mobilisation subjective mise au service des pratiques sportives chez les Sapeurs-Pompiers ? Quel sens donner aux zones d'ombre explorées, comme la souffrance notamment , mise en actes dans les épreuves sportives que les acteurs de la profession s'imposent.

Mener une réflexion sur les activités sportives des Sapeurs-Pompiers implique de s'interroger sur les corps essentiellement masculins mobilisés et engagés à cette occasion. Quel corps est mis en jeu ? Autant de questions touchant là également à la subjectivité du sujet dans son rapport au travail par la médiation du corps.

Pour cette présente réflexion, au fil de mes étonnements et de mes questionnements, mon souci a été de croiser pratique et concepts pour tenter de rendre compte du réel de l'activité. Bien sûr, ce réel nous résiste comme il résiste à la description de ce que la pratique sportive a donné à voir. C'est donc essentiellement autour de l'expérience vécue des acteurs de la profession et de « leurs mots pour dire » que j'ai centré mes efforts. Evidemment, mon implication est certaine dans les choix retranscrits de ce que j'ai pu entendre et la traduction que j'en ai faite. Je l'accepte. Comme j'assume que ce réel continue de m'interroger tant il m'échappe à peine élaboré. Car il est fondamentalement vivant, irréductible et évolutif.

Après la présentation du cadre de mon intervention de terrain, du rappel de la demande , concernant l'accidentologie en service des Sapeurs-Pompiers lors des entraînements sportifs, et de la méthodologie , j'énoncerai mon positionnement et les obstacles rencontrés, comme autant de révélations et de pistes m'ayant permis de centrer ma réflexion d'aujourd'hui concernant le corps, l'identité masculine et la virilité défensive des Sapeurs-Pompiers à l'épreuve du sport au travail. Puis j'énoncerai le cadre théorique dans le champ de la psychodynamique du travail et les concepts que j'ai retenus comme les plus pertinents en fonction du terrain. Je m'appliquerai ensuite à explorer la place du sport chez les Sapeurs-Pompiers. Cette activité est-elle bien du travail ? Et pour quoi faire ?

J'orienterai ensuite ma réflexion sur l'hypothèse de liens entre l'activité sportive et le travail au quotidien et opérationnel des Sapeurs-Pompiers et j'explorerai leur rapport notamment avec la souffrance et la dynamique de la reconnaissance. Quel vécu du travail se reproduit à cette occasion ? Quelle identité masculine peut s'y construire ? Mais aussi dans les dérives de la pratique sportive, quels dysfonctionnements peuvent se lire ? Quelle violence est en jeu ? Comment la comprendre ? S'agit-il de l'expression d'une sportivité défensive en recherche de la construction de compromis entre souffrance et défense ?

Avec la féminisation de la profession, quel sens donner aux rapports sociaux de sexe autour de ce qui en est dit et de ce qui achoppe ? Quel genre est en question ? Enfin, je terminerai sur une réflexion autour de nouveaux styles, de nouveaux mythes et l'émergence d'une masculinité plurielle.

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