PAQUINET Marielle
MAITRISE de psychologie clinique et pathologique.
Mémoire : Travail d'Etude et de Recherche.
Année 2002-2003.
Questionnement.
Introduction 1
La psychose infantile .. 3
L'Imaginaire . 5
Analyse clinique.
Sébastien et le rapport au miroir ... 7
La problématique du temps chez Benjamin ... 11
Une étude du transfert psychotique : Jordan à l'atelier Arts ... .. 15
Analyse théorique.
Le temps d'avant la mise en place de la structure spéculaire . 19
Le stade du miroir 23
Analyse du texte de Jacques LACAN 23
L'importance de la relation précoce à la mère dans le développement de l'enfant. . 27
Le visage de la mère comme miroir.
Lamise en place de « l'espace potentiel ».
Le transitivisme maternel .... 29
La fonction transitiviste de la mère avec son enfant.
Les effets du transitivisme maternel défaillant dans la psychose.
Le regard particulier du psychotique et son rapport au miroir.
Conclusion 32
Références bibliographiques .. 35
Annexes .. .. 36
Lorsqu'on travaille avec des enfants psychotiques et que l'on est amené à les fréquenter régulièrement, on se rend compte rapidement d'une particularité qui leur est commune : il s'agit de leur puissant ancrage dans le réel et parallèlement, de leur difficile accès aux registres symbolique et imaginaire. Au cours d'un atelier conte, nous avons pu observer qu'ils éprouvaient de grandes difficultés à mettre en scène leur personnage, lors de la partie du jeu. Après l'écoute du conte, ils parviennent facilement à choisir le personnage qu'ils souhaitent interpréter mais ensuite, ils n'arrivent pas à le faire évoluer dans une histoire, ni à le faire interagir avec les autres personnages de façon cohérente. Il leur est difficile d'avoir accès à ce que J. Piaget appelle le « jeu symbolique » , c'est-à-dire à la faculté de se représenter avec des gestes une réalité non actuelle. Il apparaît que la dimension du symbolique et de la fiction leur fait défaut ; en effet, même si l'on observe une mise en acte riche de la pulsionnalité dans leur manière de se mettre en scène, ils ne se montrent pas créatifs et ne semblent pas vraiment s'identifier à leur personnage. D.W. Winnicott affirme que le jeu occupe une place privilégiée au sein de ce qu'il a appelé les phénomènes transitionnels , qui se situent dans l'espace potentiel : champ particulier aménagé par la mère. Le petit psychotique semble ne pas avoir accès à un tel espace psychique intermédiaire, dans la mesure où il ne joue pas comme le ferait spontanément un enfant de son âge. A. Anzieu explique que pour être apte à jouer, l'enfant doit avoir traversé ce qu'elle appelle : « un vécu primordial » , c'est-à-dire un événement structurant pour lui. Elle fait ici allusion au stade du miroir , situé entre 6 et 18 mois où l'enfant se constitue un Moi relativement unifié, en lien avec son identification à l'image spéculaire. Une fois cet axe narcissique établi chez l'enfant, il va être en mesure de créer des objets différents de lui et d'entrer en relation avec eux ; il va ainsi pouvoir jouer. Notre observation concernant l'impossibilité pour les enfants psychotiques d'accéder au jeu symbolique nous amène à nous interroger sur cette période précise de leur développement. Que s'est-il alors passé pour qu'ils ne parviennent pas à se forger un Moi à la fois consistant et admettant les effets du symbolique ? Quelles relations ont-ils eu avec leur propre mère lorsqu'ils étaient bébés, pour qu'ils n'aient pas réussi à élaborer un tel espace potentiel, leur permettant d'avoir une vie créative et autonome ?
Cela nous amène à supposer qu'il s'agirait du registre imaginaire , dans son ensemble, qui ferait défaut au psychotique et dont les effets se répercuteraient sur une mise en place foncièrement problématique de son image spéculaire, ainsi que sur l'ensemble de ses relations sociales.
En effet, l'image que les psychotiques ont de leur corps semble pour le moins chaotique et embarrassante à analyser. Dans la névrose, même si elle ne peut être que leurrante, nous avons bien une idée de ce qu'incarne l'image de notre corps, même si celle-ci est trompeuse. Néanmoins, lorsque nous essayons de l'expliquer plus précisément, comme les neurologues et les psychiatres du début du siècle ont tenté de le faire, nous nous retrouvons rapidement dans une impasse conceptuelle. Un corps n'est pas une représentation simple contenant un dehors et un dedans, il s'agit d'un ensemble infiniment plus complexe. Ce n'est que grâce à l'apport de la psychanalyse avec S. Freud et J. Lacan que nous pouvons enfin aujourd'hui l'approcher plus précisément. Jacques Lacan a situé les prémisses de la mise en place de l'image du corps dès les premiers mois de la vie, au cours de ce qu'il a appelé « le stade du miroir ». Cela nous amène à nous demander ce qui peut alors se produire à ce moment précis du développement chez l'enfant psychotique, pour que celui-ci ne puisse parvenir à une image du corps qui soit unifiée. Nous étudierons pour cela ce stade du miroir, en mettant en évidence ce que cela génère comme bouleversement, au niveau structural, dans l'appareil psychique du sujet humain.
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