Les droits d'auteurs de ce site sont enregistrés devant notaire
Tout copillage sera systématiquement poursuivi devant les tribunaux
Vous ne devez pas diffuser ou modifier ce texte par quelque moyen que ce soit, sans la permission écrite
de son auteur ainsi que du responsable du site internet : Ressources-Psy.com.
Vous devez respecter les droits d'auteur (par exemple en cas
d'utilisation dans un travail universitaire ou autre, vous devez
donner les références de vos citations et bien signifier qu'il s'agit
de citations (généralement en utilisant des guillemets)).
Toute copie partielle ou intégrale non autorisée de document constitue une violation des droits d'auteurs
laquelle est sévèrement punie par la Loi.
Vous n'aimeriez pas que l'on pille votre travail, ne le faites pas non plus...

00036462



UNIVERSITE PARIS VII DENIS DIDEROT

UFR DE SCIENCES HUMAINES CLINIQUES

 

 

MEMOIRE DE MAITRISE

 

PEAU D’ÂNE OU COMMENT UNE PETITE FILLE S’EST TRANSFORMEE EN PRINCESSE.

 

Présenté par Gael MALLE

Sous la direction de Marianne BAUDIN

 

Année 2000-2001

                               SOMMAIRE

 

Introduction

 

I.                   DU MOI-PEAU AU MOI PENSANT

1.     Le Moi-peau                                                                             p.5

2.     Esther Bick et son concept de seconde peau musculaire         p.9

3.     Capacité de rêverie, fonction alpha et appareil à penser les pensées selon W.R. Bion                                                         p.10

4.      Contenants de pensée et signifiants formels                            p.12

 

II.                L’ATELIER THEÂTRE

1.     Le cadre                                                                                   p.16

2.     Le jeu selon Winnicott                                                            p.17

3.     Le procédé thérapeutique                                                        p.19

4.     Le costume                                                                              p.20

5.     Le jeu dramatique avec des enfants autistes                           p.21                                                                                                                                                                                                  

6.     Le jeu dramatique comme miroir                                            p.23

7.     Les modifications du Moi-peau dans le travail créateur         p.24

 

III.             PEAU D’ÂNE

1.     Son histoire                                                                             p.26

2.     Le conte de Perrault                                                                p.29

3.     Dans l’atelier théâtre                                                               p.31

4.     L’enveloppe hystérique                                                           p.39

5.     L’image inconsciente du corps                                                p.43

 

Conclusion

 

Introduction

  Qui est cet enfant en souffrance psychique? En souffrance psychique au point de ne plus vouloir communiquer, de ne plus vouloir ni apprendre ni évoluer. Qui est le père ou la mère de cet enfant qui entre dans la vie avec difficulté ? Comment renoncer à l’avenir merveilleux longuement imaginé pendant neuf mois ? Comment vivre ce sentiment d’être incapable de donner jour à un enfant « normal » ? Voici quelques-unes des questions je me posais en arrivant à l’hôpital de jour pour enfants et j’étais très motivée par le travail au sein d’une équipe pluridisciplinaire (éducateurs, psychologues, psychiatres, institutrice, orthophoniste, psychomotricienne) et en partenariat avec les parents. L’hôpital de jour accueille des enfants de trois à huit ans souffrant de pathologies diverses : autisme, psychose, inhibition intellectuelle, retard psychomoteur, retard de langage, « hyperactivité », etc. 80% de ces enfants sont des garçons. Ces enfants n’ont pas fait de demande de prise en charge et sont amenés là par des parents inquiets. Quand aucune demande n’émane du sujet, en quoi consiste le travail du psychologue? Comment travailler avec des enfants sans langage ? J’ai vite appris à me passer de ce qui, pourtant, fonde une psychanalyse classique (demande de traitement, travail à partir du discours verbal du patient). D’ailleurs, loin de moi l’idée de qualifier mon travail de psychanalyse, ni même de psychothérapie : j’étais ce que j’appelle une « thérapeute du quotidien ». Ma présence auprès des enfants à tous les moments de leur journée me conférait un rôle de soutien et d’étayage essentiel à la structuration de leur personnalité.

  Je me souviens de cette petite fille de sept ans aux longs cheveux bruns emmêlés qui s’est jetée sur moi dès mon arrivée, comme un prédateur rapte sa proie. Peau d’âne, c’est ainsi que je l’appellerai, est à la recherche d’une âme supplémentaire pour l’écouter et la regarder. Ayant épuisé tout le personnel de l’hôpital de jour, elle sait tirer partie de l’enthousiasme et du dynamisme des stagiaires. Ainsi, Peau d’âne m’a happée et il n’était plus question que je m’intéresse à quelqu’un d’autre. Comme on dit d’un militaire qu’il est incorporé dans son régiment, je me suis sentie moi aussi immédiatement incorporée, aussi bien dans le sens d’intégrée que de dévorée. Fillette pataude, bruyante, étouffante  et qui, la morve au nez, s’essuyait d’une main et se servait de l’autre pour remonter sa culotte et son pantalon qui, effet de la loi de la gravité, étaient condamnés à glisser inlassablement de son ventre bien rond, Peau d’âne m’avait choisi, moi pas. Comment répondre à cette demande d’écoute sans laisser cette enfant accaparer ma présence ?

  En parallèle, je choisissais, entre autres, de co-animer un atelier théâtre pressentant le fabuleux outil thérapeutique qu’il pouvait être. Il ne s’agit pas d’un psychodrame, aucune interprétation n’est faite, et plus que de théâtre, il s’agit de jeu dramatique. En effet, il ne s’agit pas de répéter un texte mais de permettre à l’enfant de jouer sur scène un petit scénario qu’il a imaginé. C’est dans ce cadre que j’ai découvert Peau d’âne émouvante et passionnée qui, par le biais du groupe, me parlait d’elle, me parlait de moi. Les femmes de l’équipe faisaient beaucoup d’efforts pour supporter Peau d’âne mais quelque chose les agressait : son corps, son apparence. C’est aussi avec son corps et la représentation fantasmatique qu’elle en avait qu’elle m’a interpellée lors de l’atelier théâtre. En effet, le choix de ses rôles a évolué tout au long de l’année de façon significative.

  C’est ainsi que j’ai abordé la théorie des enveloppes psychiques, des contenants de pensée, dont le Moi-peau est un cas particulier, en me demandant : En quoi le jeu dramatique permet-il une transformation des enveloppes psychiques chez l’enfant? Qu’est-ce que ces transformations nous révèlent du fonctionnement et de l’état psychique de Peau d’âne ?

  Les enveloppes psychiques, telles qu’elles sont décrites par Didier Anzieu[1], sont des structures à double feuillet (pare-excitation et surface d’inscription) qui délimitent le monde interne du monde externe. Dans la théorie freudienne, elles apparaissent sous la forme du Moi, ce dernier ayant pour rôle de contenir l’excitation psychique et d’entraver les passages libres à l’intérieur du psychisme des quantités d’excitation.

 « Le Moi est avant tout une entité corporelle, non seulement une entité toute en surface, mais une entité correspondant à la projection d’une surface. »[2]

  De plus, j’emploie le terme transformation pour qualifier le changement de Peau d’âne car il porte l’accent sur le changement de forme, d’aspect et je parlerai aussi en terme d’évolution qui est une transformation progressive.

  En premier lieu, j’expose d’un point de vue théorique la constitution d’un Moi-peau chez le nourrisson. Comment, à partir de ses expériences tactiles, le bébé va se constituer un Moi-contenant psychique et plus tard un Moi-pensant ? Après avoir étudié les travaux d’Anzieu, je porterai mon intérêt sur des auteurs moins récents comme Bick et Bion qui, dans les années 60, ont été les précurseurs des théories sur les contenants.

  Ensuite, en décryptant le jeu dramatique et les processus qu’il met en jeu, je démontre ses effets thérapeutiques et ses conséquences sur les enveloppes psychiques de nos patients, mêlant la théorie de Winnicott sur l’aire transitionnelle et quelques récits cliniques.

  Enfin, je présente Peau d’âne. A partir de son histoire et de mon observation clinique, je tente de comprendre l’évolution de ses enveloppes telle qu’elle l’a figurée lors de l’atelier théâtre. Comment se figure t-elle ses enveloppes et comment ces dernières se sont transformées tout au long de l’année ?

 

                                   BIBLIOGRAPHIE

 

ANZIEU, A., (1987), « L’enveloppe hystérique », in D. ANZIEU et al., Les enveloppes psychiques, Paris, Dunod, p.114-137, Inconscient et Culture.

ANZIEU, D., (1985), Le Moi-peau, Paris, Dunod, 1995, 291 p., Psychismes.

ANZIEU, D., (1987), « Les signifiants formels et le Moi-peau », in D. ANZIEU et al., Les enveloppes psychiques, Paris, Dunod, p.1-22, Inconscient et Culture.

ANZIEU, HAAG, TISSERON, LAVALLEE, BOUBLI, LASSEGUE, (1993), Les contenants de pensée, Paris, Dunod, 212 p., Inconscient et Culture.

ANZIEU, D., (1994), Le penser-Du Moi-peau au Moi-pensant, Paris, Dunod, 179 p., Psychismes.

ANZIEU, D., (1996), « Une histoire du Moi-peau », in Créer/Détruire, Paris, Dunod, p.181-261, Psychismes.

ATHANASSIOU, BEGOIN, CHILAND, HAAG, HOCHMANN, LEBOVICI, PERRON, RIBAS, (1994), Autismes de l’enfance, Paris, P.U.F., 156 p., Monographie de la revue française de psychanalyse.

ATTIGUI, P., (1993), De l’illusion théâtrale à l’espace thérapeutique, Paris, Denoël, 221 p., L’espace analytique.

BETTELHEIM, B., (1976), Psychanalyse des contes de fées, Paris, Robert Laffont, 476 p., Pocket.

BICK, E., (1968), « L’expérience de la peau dans les relations d’objet précoces », in D. MELTZER et al., Explorations dans le monde de l’autisme, Paris, Payot, p.240-244.

BION, W.R., (1962), Aux sources de l’expérience, Paris, P.U.F., 1979, Bibliothèque de Psychanalyse.

BOUBLI, M., (1999), Psychopathologie de l’enfant, Paris, Dunod, Topos.

CAILLOIS, R., (1967), Les jeux et les hommes, Paris, Gallimard, 373 p., Idées.

DOLTO, F., (1982), La sexualité féminine, Paris, Scarabée & co, 346 p.

DOLTO, F., (1984), L’image inconsciente du corps, Paris, Seuil, 375 p., Points.

DE MIJOLLA, A. et al., (1996), Psychanalyse, Paris, P.U.F., 1997, 871 p., Fondamental.

FREUD, S., (1923), « Le Moi et le ça », in Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1977, p.186-195, Petite bibliothèque.

GIBELLO, B., (2000), « Apprentissage des enveloppes psychiques », in R. KAËS et al., Les voies de la Psyché, Paris, Dunod, p.227-236, Psychismes.

GREEN, A., (2000), « Le Moi et la théorie du contact », in R. KAËS et al., Les voies de la Psyché, Paris, Dunod, p.217-226, Psychismes.

HOUZEL, D., (1987), « Le concept d’enveloppe psychique », in D. ANZIEU et al., Les enveloppes psychiques, Paris, Dunod, p.23-54, Inconscient et Culture.

HOUZEL, D., (2000), « L’enveloppe psychique : métaphore et processus » in R. KAËS et al., Les voies de la Psyché, Paris, Dunod, p.163-171, Psychismes.

KAËS, R., (1999), Les théories psychanalytiques du groupe, Paris, P.U.F., 127 p., Que sais-je n° 3458.

LACAN, J., (1949), « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je », in Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p.92-99, Essais.

LAPLANCHE, PONTALIS, (1967), Vocabulaire de Psychanalyse, Paris, P.U.F., 1998, 523 p., Quadrige.

MAHLER, M., et al., (1980), La naissance psychologique de l’être humain, Paris, Payot, 1990, Sciences de l’homme.

MANNONI, O., (1964), « Le théâtre et la folie », in Clefs pour l’imaginaire ou l’autre scène, Paris, Seuil, 1969, p 301-314, Le champ freudien.

MANNONI, O., (1969), « L’illusion comique ou le théâtre du point de vue de l’imaginaire », in Clefs pour l’imaginaire ou l’autre scène, Paris, Seuil, p 161-183, Le champ freudien.

MARCELLI, D., (1982), Enfance et psychopathologie, Paris, Masson, 1996, 601 p., Abrégés.

MELTZER, D. et al., (1975), Explorations dans le monde de l’autisme, Paris, Payot, 1980.

MONTAGU, A., (1971 ), La peau et le toucher-un premier langage, Paris, Seuil, 1979.

OPPENHEIMER, A., (1998), Heinz Kohut, Paris, P.U.F., 127 p., Psychanalystes d’aujourd’hui.

PEJU, P., (1981), La petite fille dans la forêt des contes, Paris, Robert Laffont, 294 p., Réponses.

PINOL-DOURIEZ, BOUBLI, GIMENEZ, KONICHECKIS, (2000), « Naissances de pensée », in R. KAËS et al., Les voies de la Psyché, Paris, Dunod, p 237-253, Psychismes.

RACAMIER, P.C., (1952), « Hystérie et théâtre », in De psychanalyse en psychiatrie, Paris, Payot, p 135-164, Bibliothèque scientifique.

RICHARD, F., (1998), « La boulimie », in Les troubles psychiques à l’adolescence, Paris, Dunod, p 65-69, Topos.

SCHMID-KITSIKIS, E., (1999), Wilfred R. Bion, Paris, P.U.F., 127 p., Psychanalystes d’aujourd’hui.

WINNICOTT, D.W., (1958), De la pédiatrie à la psychanalyse, Paris, Payot, 369 p, Petite bibliothèque.

WINNICOTT, D.W., (1962), « L’intégration du moi au cours du développement de l’enfant », in Processus de maturation chez l’enfant-développement affectif et environnement, Paris, Payot, Science de l’homme.

WINNICOTT, D.W., (1963), « De la communication et de la non-communication », in Processus de maturation chez l’enfant-développement affectif et environnemental, Paris, Payot, Science de l’homme.

WINNICOTT, D.W., (1971), Jeu et réalité, Paris, Gallimard.