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Sophie Mendelsohn

 

La position amétaphorique :

du sujet schizophrène au sujet postmoderne

"L’homme de la modernité est effectivement un homme faible, désarmé, comme châtré. Isolé, également. Il est l’homme de la technologie froide et des affects morcelés; l’homme de l’exil intérieur. Schizoïde hors des murs de l’hôpital psychiatrique; schizophrène à l’intérieur de ces murs."

Roland Jaccard, L’exil intérieur - Schizoïdie et civilisation.

"Le Narcisse digital au lieu de l’Oedipe triangulaire. Hypostase de double artificiel, le clone sera désormais votre ange gardien, forme visible de votre inconscient et chair de votre chair, littéralement et sans métaphore. Ton ‘prochain’ sera désormais ce clone hallucinant de ressemblance, tel que tu ne seras plus jamais seul, et n’auras plus jamais de secret. ‘Aime ton prochain comme toi-même’ : ce vieux problème d’Evangile est résolu - le prochain, c’est toi-même. L’amour est donc total. L’auto-séduction totale."

Jean Baudrillard, De la séduction.

 

INTRODUCTION

Le principe d’une stase psychique amétaphorique, et ses conséquences sur la représentation du rapport au monde propre à la psychose, trouve un éclairage particulièrement riche dans le recours lacanien au Nom-du-Père, en tant que sa carence primordiale constituerait la définition structurale de la psychose. Cette métaphore du Nom-du-Père n’est pas dissociable de l’expérience du miroir qui amène définitivement sur la scène de la représentation symbolique la présence tierce, constitutive de la subjectivité : Paul Claude Racamier, se référant à Francis Pasche, souligne que "l’investissement normal du réel passe par le médium d’un miroir, par une médiation symbolique venant une fois pour toutes du regard unitaire de la mère: l’apperception du réel irait en ricochant sur ce relais."

Or, que se passe-t-il lorsque le miroir fait défaut, lorsque le visage n’a plus d’image? La question de la représentation se pose alors à nouveau, et sous d’autres auspices : que ce soient ceux de la psychose et de ses rapports complexes au narcissisme, ce qui n’est pas sans amener le sujet à faire l’expérience de l’unheimlich, cette inquiétante étrangeté dans laquelle il se trouve déssaisi de lui-même; ou bien que ce soient ceux de la postmodernité, qui fait du virtuel le seul "ricochet" possible du réel : "La vidéo, partout, ne sert qu’à ça : écran de réfraction extatique qui n’a plus rien de l’image, de la scène ou de la théâtralité traditionnelle, qui ne sert pas du tout à jouer ou à se contempler, mais à être branché sur soi-même. Sans ce branchement circulaire, sans ce réseau bref et instantané qu’un cerveau, un objet, un événement, un discours créent en se branchant sur eux-mêmes, sans cette vidéo perpétuelle, rien n’a de sens aujourd’hui. Le stade vidéo a remplacé le stade du miroir. Ce n’est pas du narcissisme, et on a tort d’abuser de ce terme pour décrire cet effet, ce n’est pas un imaginaire narcissique qui se développe autour de la vidéo ou de la stéréoculture, c’est un effet d’autoréférence éperdue, c’est un court-circuit qui branche immédiatement le même au même." Voilà donc que les images se brouillent et ne se ressemblent plus.

C’est avec cet impossible de la représentation que la position amétaphorique a à voir : car si rien ne vient faire tomber le rapport au réel sous la loi du symbolique, autrement dit si aucune image ne vient faire sens pour le sujet en ce qu’elle lui donnerait la possibilité de se saisir lui-même dans le monde, alors le symbole même est mis en échec : la chose ne peut se transformer en son absence, autrement dit en son symbole - symbole que le langage va venir instituer comme tel., puisque dire la chose c’est toujours déjà dire son absence. Or, si l’absence de la chose est un appel à la métaphore, le vide de représentation auquel nous venons de faire allusion signe l’"évacuation" de la métaphore, en tant qu’elle serait une sorte d’"accélérateur de subjectivité", puisqu’elle lie entre elles les différences, puisqu’elle met en rapport monde intérieur et monde extérieur, puisqu’elle est un agent de transfomation du regard, et donc du sujet qui en est porteur. La position amétaphorique, ce serait donc cela : la trace du rapport à un monde sans objet, où rien ne se lie parce que rien n’est ensemble, où rien ne se pense parce que rien ne s’abstrait du concret des choses pour devenir objet de la pensée. L’amétaphoricité signerait ainsi la disparition du miroir.

PREMIERE PARTIE : METAPHORE DE VIE, METAPHORE DE MORT

DEUXIEME PARTIE :

L’HOMME-MACHINE, ENTRE PSYCHOSE ET POSTMODERNITE

TROISIEME PARTIE :

L’ETRANGE NARCISSE OU LE DESTIN POSTMODERNE DE L’AUTO-SEDUCTION

Bibliographie

Métaphore

- Arrivé (Michel), Langage et psychanalyse, linguistique et inconscient, Paris : PUF, 1994.

- Fédida (Pierre), L’absence, Paris : Gallimard, 1978.

Crise et contre-transfert, Paris : PUF, 1992.

- Ferrieres-Pestureau (Suzanne), La métaphore en psychanalyse, Paris : L’Harmattan, 1994.

Préface de Monique Schneider.

- Freud (Sigmund), L’inquiétante étrangeté, Paris : Gallimard, 1985.

Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen, Paris : Gallimard, 1986.

"Pour introduire le narcissisme", in La vie sexuelle, Paris : PUF, 1969.

- Journal de la psychanalyse de l’enfant, n. 15, "Métaphore et représentation", 1994.

- Kristeva (Julia), "Sémiotique et symbolique", La révolution du langage poétique, Paris : Le Seuil, 1974, p 17-100.

Le travail de la métaphore ("L’identification de la métaphore")

- Lacan (Jacques), "Métaphore et métonymie : ‘Sa gerbe n’était point avare, ni haineuse’", I et II, Séminaire III, Paris : Le Seuil, p 243-262.

"La schize de l’oeil et du regard", Séminaire XI, Paris : Le Seuil, 1973.

" Le stade du miroir comme stade formateur de la fonction du Je", Séminaire I, Paris : Le Seuil, 1975.

- Nicolaïdis (Nicolas), La représentation, essai psychanalytique, Paris : Dunod, 1984.

- Ricoeur (Paul), La métaphore vive, Paris : Le Seuil, 1975.

- Winnicott ( Donald W.), Jeu et réalité, l’espace potentiel, Paris : Gallimard, 1971.

Discursivité schizophrénique

- Aulagnier (Piera), La violence de l’interprétation, Paris : PUF, 1975.

"Le sens perdu (ou le ‘schizo’ et la signification), Topique, n. 7-8, 1971.

- Bateson (Gregory), Vers une écologie de l’esprit, tome 2, Paris : Le Seuil, 1980 (pour la traduction française).

- Bion (Wilfred R.), "Le langage et le schizophrène",

"Notes sur une théorie de la schizophrénie", in Réflexion faite, Paris : PUF, 1983.

- Deleuze (Gilles), Guattari (Felix), L’Anti-Oedipe, Paris : Editions de Minuit, 1972.

Mille Plateaux, Paris : Editions de Minuit, 1980.

"Le schizophrène et le mot", Critique n. 255-256, 1968, p 746-751.

- Deveureux (Georges), Schizophrénie, psychose ethnique, Essais d’ethnopsychiatrie générale, Gallimard, 1970.

- Fédida (Pierre), "Le structuralisme en psychopathologie (histoire, langage et relation)", in L’Evolution psychiatrique, tome XXIX, I, 1964, p 85-129.

"Temps et négation", in Psychanalyse à l’université, Sept 1977, T2 n. 8, p. 626.

"L’organe psychique", Nouvelle revue de psy, Aut 1975, n. 12, p 223-227.

"Revenir à l’imago?", Revue Française de Psychanalyse, 1997, 61, 2, 492-495.

"Sosie le Merveilleux", Le fait de l’analyse, n. 2, avril 1997.

- Kristeva (Julia), La révolution du langage poétique, Paris : Le Seuil, 1974

- Nevert (Michèle), Des mots pour décomprendre, Québec : Les Editions Balzac, 1993.

- Racamier (Paul Claude), Les schizophrènes, Paris : Payot, 1980.

- Searles (Harold F.), "Schizophrenic communication", in Collected Papers on Schizophrenia and Related Subjects, New York : International University Press, 1965.

- Segal (Hanna), "Notes sur la formation du symbole", Revue française de psychanalyse, n. 34, 1970.

- Todorov (Tzvetan), "Le discours psychotique", in Les Genres du discours, Paris : Le Seuil, 1978, p 78-86.

- Wolfson (Louis), Le schizo et les langues, Paris : Gallimard, "Connaissance de l’inconscient", 1970. Préface de Gilles Deleuze.

Du réel postmoderne

- Baudrillard (Jean), Amérique, Paris : Grasset, 1986.

Le système des objets, Paris : Gallimard, 1968.

De la séduction, Paris : Galilée, 1979.

- Guattari (Felix), Chaosmose, Paris : Galilée, 1992.

- Haraway (Donna), "A Cyborg Manifesto", Socialist Review 15.2, (1985), p 65-108.

- Heidegger (Martin), Chemins qui ne mènent nulle part, Paris : Gallimard, 1962 pour la traduction française.

- Jameson (Frederic), The Anti-Aesthetic : Essays on Pstmodern Culture, Hal Foster Ed., Seattle : Bay Press, 1983.

- Owens (Craig), "The Discourse of Others: Feminists and Postmodernism", The Anti-Aesthetic, Essays on Postmodern Culture, Bay Pren, Seattle, 1983.

- Rosset (Clément), L’Anti-nature, Paris : PUF, 1986.

Cinéma

- Shaviro (Steven), Cinematic Body, Mineapolis : University of Minnesota Press, 1993.

- Silverman (Kaja), The Treshold of the Visible World, New York : Routledge, 1996.

- Williams (Linda), Film bodies, Gender, Genre, Excess, New Brunswick, NJ : Rutgers University Press, 1995.

- Crises de la représentation dans le cinéma américain, ouvrage collectif, Poitiers : La Licorne, 1996.

Architecture

- Giedion (Sigrfried), Espace, temps, architecture, Paris : Denoël, 1978.

- "Tadao Ando", Global Architecture Architects, Tokyo : Ed. Yukio Futugawa, 1987.

- Tanizaki (Jun’ichiro), Eloge de l’ombre, Paris : POF, 1989.

- Tschumi (Bernard), Architecture and Disjunction, Cambridge, Massachusetts : The MIT Press, 1996.

- Vidler (Anthony), The Architectural Uncanny, Essays in the Modern Unhomely, Cambridge, Massachusetts : The MIT Press, 1996.

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